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130 COUltS DE PHILOSOPHIE. proprement dite. Si on s'est trop peu occupé de l'histoire par le passé, ce n'est pas une raison pour trop s'en oc- cuper à l'heure qu'il es!. L'esprit humain est ainsi fait qu'il se précipite toujours d'un excès dans un excès opposé ! C'est toujours le paysan ivre de Luther juché sur sa mon- ture : quand on le relève d'un côté il tombe de l'autre ! Le moyen de le bien mettre en équilibre serait, si je ne me trompe pas, de continuer à raconter de l'histoire, mais un peu moins, et de commencer à en faire un peu plus. Nos re- liquaires sont assez beaux comme cela ; cherchons à nous y préparer une place. Si nous passons notre vie à parler des autres, je ne vois pas ce que les autres auront à dire de nous. Un peuple occupé pendant une longue période de son exis- tence à s'instruire de ses actions d'autrefois ressemble à un homme qui resterait assis pendant des années entières les coudes sur une table et son menton dans sa main et qui se dirait sans cesse : « Voyons! qu'est-ce que j'ai fait? et qui, en attendant, ne ferait rien du tout. Les examens de conscience sont fort bons, Pylhagore l'a dit, et le christianis- me l'a confirmé ; cependant il ne faut pas passer sa vie à en faire. M. Bouillier se distingue encore avantageusement de la plu- part des écrivains et des professeurs de ce temps-ci par d'au- tres caractères. Nous vivons à une époque où la philosophie rendue plus circonspecte par ses nombreux écarts, ne se demande plus guère qu'une chose, la roule qu'il faut suivre pour ne plus se fourvoyer à l'avenir. On sort bien quelquefois de celle question de la méthode pour aborder des questions diffé- rentes, mais on ne traite pour l'ordinaire celles-ci que d'une manière isolée de peur apparemment qu'en les rattachant les unes aux autres on ne tombe dans de flagrantes con- tradictions. Aussi jamais époque ne produisit autant de mé-