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414 ment la femme écrasera la tôte du serpent, mais elle coupera la tôle à l'homme. Holopherne, troublé dans ses amours par un fulminant message de Nabuchodonosor, son Dieu, son roi, son maître, se repent de sa folle clémence et veut commencer, celle nuit môme, le sac de Béthulie; il veut que l'hébraïque cité ne soit plus Qu'un amas de débris, une cendre fumante Que balaie en passant l'aile de la tourmente. Mais, au milieu de ce projet nouveau, il persiste toujours dans son projet ancien de donner un festin à Judith, le soir, dans sa tente, et de faire couler le vin en attendant le sang. C'est vainement que Phédime, sa maîlresse disgraciée, veut l'en détourner. Cette Phédime a de funesles pressentiments; elle parle de coupe au lieu de glaive, et en cela elle ne se trompe que sur les voies et moyens. Mais le galant général est fasciné ; elle ne parvient à lui donner que demi-soupçons qui s'évanouissent comme de vagues ombres. On a beau ôtre Assyrien et général de Nabuchodonosor, amour ! amour ! quand lu nous tiens... Cependant, cette idée de poison lui est restée, et, pour éprouver Judith, il veut qu'elle boive avec lui à la môme coupe. Toujours la môme erreur ! toujours la coupe au lieu du glaive ! Enfin, le vin rend tendre, et le général parle d'un usage charmant et rigoureux qui, dans sa position, fait un déshonneur de n'être point heureux. Or, il ne veut pas ôtre déshonoré. Mais ces paroles d'amour ne font pas oublier les projets de vengeance : Judith remarque qu'il y a t m glaive sous les r i - deaux, et Holopherne donne, au milieu des doux propos, le mot d'ordre du sac de Béthulie, tandis que Judith convient,