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                         LAUZUN.
                        C'est bien. Oh ! vous avez raison !
Au foyer conjugal bornant voire horizon,
Vous vous consacrerez à ces soins terre à terre
Qui remplissent les jours d'un couple solitaire.
Là, si, pour vous troubler, parfois un souvenir,
Trop cher, toujours chassé, s'obstine à revenir ;
Si quelque amère regret dans votre exil surnage,
Vite, vite songez aux choses du ménage,
Et contre eux évoquez, comme un épouvantail,
De votre intérieur tout le menu détail.
Le monde autour de vous soudain change de face :
Illusions, regrets, souvenirs, tout s'efface,
Tout fuit ; vos rêves d'or s'envolent dans le ciel...
Mais le ménage reste, et c'est l'essentiel.
Oh ! c'est un sûr abri pour la femme, et j'enrage
Que les hommes n'aient pas ce port après l'orage.
Maintenant au théâtre il vous faut dire adieu...
                         ARMANDE.
Moi quitter le théâtre ! et la raison, bon Dieu?
                         LAUZUN.
La raison, la raison... c'est que la solitude
Est mortelle à votre art. Le monde est votre étude ;
Le monde est votre maître, ingrate : il vous apprit
Le secret de charmer et le cœur et l'esprit.
Le ton parfait, le goût et les grâces sans nombre,
Ce sont des fleurs du monde ; elles meurent à l'ombre.
Mais votre beau projet pèche encore en un point.
Dans vos petits calculs vous ne me comptez point.
Vous m'aimiez, et depuis à peine une semaine
Que la cour l'un et l'autre à Chambord nous amène,
Vous m'évitez, et puis vous venez brusquement
Me donner, pour prétexte à votre changement,