page suivante »
22Ô Oui, je voudrais parfois m'unir à vos rivales, Au parterre, au foyer soulever des cabales, Et si vous en étiez à vos débuts, morbleu! Pour vous faire tomber je mettrais tout en jeu. A1ÃŽHATSDE. Merci ! LAUZUN. C'est que j'enrage, en effet, quand je pense Que pour des fictions sur la scène on dépense Tant de si doux regards, tant d'élans amoureux, Qui, s'ils étaient pour moi, me rendraient trop heureux... Mais non, c'est ou Valère, ou Cléonte, ou Dorante... AKMAÃŽÃDE. Citez, citez encore... Oh ! j'en ai vingt ou trente ! Pour moi les fictions, mais vous, en vérité, Vous donnez bravement dans la réalité, Et qui vous aimerait d'un amour jaloux, Comte, Serait à plaindre au moins... Je sais ce qu'on raconte... Il suffit. LAUZUN. J'ai peut-être, en effet, quelque temps, Egaré loin de vous mes désirs inconstants; Mais c'était vous toujours que j'aimais : mon hommage, Vous cherchant, s'arrêtait parfois à votre image. Oui, tout charme où mon cÅ“ur s'est attaché, c'était Quelque chose de vous qu'une autre reflétait. L'une me ravissait par sa voix : c'est la vôtre Que je croyais entendre, Armande. Dans une autre J'aimais un esprit fin... c'était vous. Celle-ci Me charmait par sa grâce... Oh ! c'était vous aussi. Celle-là me plaisait par son humeur rieuse... C'était vous. Renconlrais-je une capricieuse ? Pardon, mais c'était vous encor, car on sait bien Que parfois vous boudez, méchante, pour un rien. 15