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                              ISS
(aille. Les combats sur terre auront une importance secondaire;
ils seront comme un accessoire utile destiné à provoquer des
diversions, à déterminer des alliances, ou à imposer des neu-
 tralités.
   Ce caractère exceptionnel de la guerre que médite l'Angle-
terre sera naturellement produit par la cause même de ce
conflit. La liberté des mers fait la ruine de l'Angleterre parce
que, favorisées par celle liberlé lulélaire, les marines étran-
gères se développent, se multiplient et courent au loin riva-
liser et déprécier les produits anglais. L'Anglelerre a donc
besoin de détruire ces marines donl la concurrence lui est si
fatale, elle a donc besoin d'asservir de nouveau les Océans à
son exclusive domination. C'est là tout le succès qu'elle am-
bitionne, c'est à l'obtenir qu'elle se prépare.
   Son calcul est juste. On n'improvise pas une marine, il
faut de longues années et une administration intelligente et
dévouée pour doter un pays de la possession de cet immense
avantage. Si donc l'Angleterre réussissait, par une allaque
imprévue et énergique, à surprendre et à désorganiser du pre-
mier coup les marines des autres peuples, et surtout celle de
la France, elle aurait obtenu le résultat qu'elle désire. Il lui
deviendrait inutile alors de continuer la lutte : satisfaite de
son succès, elle dicterait des lois à ses ennemis consternés et
leur enlèverait tous les moyens capables de reproduire celte
prospérité qui maintenant lui est si nuisible. Ses rivaux dé-
nués de marine, dépouillés de toutes leurs possessions d'ou-
tre mer, surveilles, enchaînés peut-être, ne pourraient plus
aller sur les marchés lointains faire une concurrence ruineuse
à ses produits. Désormais, pendant que les peuples du conti-
nent, réduits au cercle élroilde leur consommation réciproque,
languiraient dans le marasme el la misère, faisant commerce
par les voies de communications intérieures el par le cabo-
tage, la nation anglaise couvrirait la mer de ses vaisseaux,
alimenterait tous les marchés par ses produils et monopolise-
 rait le commerce du monde.