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nomme Hamilcar, personnage distingué, suivant toute apparence,
qui avait été envoyé par sa nation auprès d'Alexandre, afin de con-
naître ses projets, et qui réussit à faire parvenir dans sa patrie une
missive détaillée écrite sur des tablettes en bois, recouvertes après
coup d'une cire intacte. Mittunt, dit-il, ad speculandos ejus animos
Hamilcarem cognomento Rhodanurn, virum solertia facundiaque
prœter cœteros insignem, etc. (1). L'histoire ne nous a point fait
connaître à quelle circonstance Hamilcar dut un tel surnom, et nous
devons le regretter. Peut-être lui était-il donné à cause de l'impé-
tuosité de son caractère ou de son éloquence, car on peut supposer
fort vraisemblablement que ce nom n'était autre que celui du Rhône,
fleuve bien connu, comme on sait, des Carthaginois. Nous trouvons
quelque chose de semblable chez saint Jérôme, dans un endroit où
 il parle de Saint Hilaire de Poitiers, pour lequel il professait une
 grande admiration. Au lieu de l'appeler un fleuve ou un torrent
 d'éloquence, figures dont on trouve bien des exemples, il en fait le
Rhône de l'éloquence latine : Quain et Ililarius, latinœ eloquen-
tiœ Rhodanus, Gallus ipse et Pictavisgenitus, etc. (2).
    La Saône porta divers noms à différentes époques. Si l'on en croît
l'auteur d'un petit écrit qui a été attribué à Plutarque, mais qu'où
lui conteste aujourd'hui assez raisonnablement, ce semble, cette ri-
vière aurait été dans le principe, appelée Brigulus (B,ofyou).of );
et le nom d'Arar qu'elle portale plus ordinairement, lui serait venu
de ce jeune Gaulois dont le chantre des Martyrs a emprunté l'aven-
ture à ce petit traité grec (3). Au lieu iïArar, on trouve quelque-
fois Araris. Nous l'avons vu dans un vers do Claudien, rapporté
plus haut : on le rencontre de même en grec chez Dion Cassius,
Kpocpi; (4), 'ApapiSoç (5). Plus tard, la Saône se voit appe-
lée Sauconna. Ammien Marcellinest le premier qui lui ait donné ce
nom ; mais il paraîtrait, à la manière dont il s'exprime, que c'était le


  (i)    Hist.philip.W1, 6.
  (2)    In Eptst. ad Galat. U, prœn) ; Opp. lom. IV. p. 25S.
  (3)    De Jluviis ; éd. Maossac, p. 2 1 .
  (4)    Hist.rom. XLIV,2G2.
   (5)   Idid. XLVI, 525.