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474 cessité pour tout le monde, et qu'il y aurait moins de cruauté, peut-être, à priver les classes pauvres du repos heb- domadaire, que des plaisirs et des délassements qu'elles trou- vent dans la nicotiane devenue l'herbe par excellence. M. le docteur Montain, il est vrai, lui fait encore opposition: Victrix causa diis placuit, sed vicia Catoni. Les philosophes et les ethnologues qui s'évertuent à classer les races d'hommes suivant leur aptitude à cultiver les beaux arts, ou à percevoir les idées complexes, auraient un moyen bien plus simple pour établir l'échelle morale des peuples ; je veux parler de l'empressement avec lequel ceux-ci ont reçu la nicotiane, et du degré d'intelligence dont ils ont fait preu- ve dans les raffinements apportés à son usage. Les Espagnols, les Italiens et les Français (M), ces esprits ardents, aussi prompts à quitter un système qu'ils l'ont été à l'adopter, n'ont jamais fait subir de grands perfectionnements à l'art de fumer. Le tabaco primitif, ou roseau rempli de tabac, n'a pro- duit chez eux que le cigare, pis encore , la cigarette; et le calumet des Peaux-Rouges y règne toujours sous le nom et la forme du brûle-gueule. Je n'avouerai point, cependant, qu'ils soient pour cela les plus mal partagés ; au contraire; mais j'attribuerai la supériorité réelle de leurs moyens moins à l'élude qu'au hasard qui les a favorisés d'un sol fertile et d'un soleil fécondant. Les variétés issues chez ces trois peu- ples du tabaco et de la pipe de roche méritent à peine d'être citées. On emploie encore à Naples les fourneaux ou têtes en lave ou en argile noire et rouge, avec tuyaux de roseau ou d'ombellifères odorantes ; aux Indes espagnoles, on trouve (M) Ceci prouve que les Français ont été plus tardifs que les autres peuples à se soumettre en esclaves à la mode et à cette ty- rannique habitude; il faut nous en féliciter. G. M.