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cessité pour tout le monde, et qu'il y aurait moins de
cruauté, peut-être, à priver les classes pauvres du repos heb-
domadaire, que des plaisirs et des délassements qu'elles trou-
vent dans la nicotiane devenue l'herbe par excellence. M. le
docteur Montain, il est vrai, lui fait encore opposition:
        Victrix causa diis placuit, sed vicia Catoni.

    Les philosophes et les ethnologues qui s'évertuent à classer
 les races d'hommes suivant leur aptitude à cultiver les beaux
 arts, ou à percevoir les idées complexes, auraient un moyen
bien plus simple pour établir l'échelle morale des peuples ;
je veux parler de l'empressement avec lequel ceux-ci ont reçu
la nicotiane, et du degré d'intelligence dont ils ont fait preu-
ve dans les raffinements apportés à son usage. Les Espagnols,
les Italiens et les Français (M), ces esprits ardents, aussi
prompts à quitter un système qu'ils l'ont été à l'adopter, n'ont
jamais fait subir de grands perfectionnements à l'art de fumer.
Le tabaco primitif, ou roseau rempli de tabac, n'a pro-
duit chez eux que le cigare, pis encore , la cigarette; et le
calumet des Peaux-Rouges y règne toujours sous le nom et
la forme du brûle-gueule. Je n'avouerai point, cependant,
qu'ils soient pour cela les plus mal partagés ; au contraire;
mais j'attribuerai la supériorité réelle de leurs moyens moins
à l'élude qu'au hasard qui les a favorisés d'un sol fertile et
d'un soleil fécondant. Les variétés issues chez ces trois peu-
ples du tabaco et de la pipe de roche méritent à peine d'être
citées. On emploie encore à Naples les fourneaux ou têtes en
lave ou en argile noire et rouge, avec tuyaux de roseau ou
d'ombellifères odorantes ; aux Indes espagnoles, on trouve

   (M) Ceci prouve que les Français ont été plus tardifs que les
autres peuples à se soumettre en esclaves à la mode et à cette ty-
rannique habitude; il faut nous en féliciter.
                                                 G. M.