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41 À cette époque là , il savait déjà l'hébreu, le grec et le la- tin. Pendant les années suivantes, il avait acquis une telle instruction que ses ennemis, - e t il s'en était fait un grand nombre parmi les médecins, -reconnaissaient qu'il était diffi- cile de rencontrer un médecin plus savant. Il toucha à l'his- toire, composa des poèmes; c'est toutefois de l'art médical qu'il a le mieux mérité par ses écrits. Tout son labeur presque et son amour, c'était d'en relever la gloire. Cependant, il pré- férait le gain à l'honneur, et aimait beaucoup l'argent. Il y avait dans sa manière de vivre non seulement de la parcimo- nie, mais encore une sordide avarice. Ce fut inutilement tou- tefois; il n'arriva point à de grandes richesses, quoique, dans sa vaine ambition, il voulût sembler très riche. Il avait épousé une femme élégante, honnête et venue d'une bonne famille. Tourmenté bientôt d'une folle jalousie, il ne cessa d'accabler de conseils, d'exhortations et de reproches la pauvre infortu- née. Quelquefois, innocente qu'elle était, il la tuait de coups, et pais, de crainte qu'elle ne sortît de la maison, ou bien qu'elle ne reçût quelqu'un, il l'enfermait dans sa chambre. C'était vainement que la malheureuse invoquait la loi de l'hy- men. Il ne changeait qu'au bout de quatre ou cinq mois le linge qui élait au lit où il reposait avec elle, et souffrait alors seulement qu'on en mit du nouveau. Ce linge, disait-il, s'u- sait et se détériorait bien plus vite, s'il passait fréquemment par la lessive. Meyssonnier n'avait que des pensées et des actions avares. Il laissa une fille unique dont la beauté fut en harmonie avec l'esprit du père. Bien des années auparavant, sa femme était morte d'une maladie causée par l'affliction de cœur. Meysson- nier eut une tête versatile, s'il en fût. Aux premières années de l'adolescence, il avait étudié avec un soin extrême les doctrines de Calvin et des théologiens de la secte; il se préparait à l'of- fice de ministre, qui est la même chose que celui de prédica- teur et de prêtre. Changeant ensuite de sentiment, il s'a- donna tout entier à l'étude de la jurisprudence, et parvint avec