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                                  39S
 presse sur nos trois ponls non submergés. Les rampes de deux
 d'entre eux surgissent de l'onde,on n'y parvient qu'en bateaux.
 De loin en loin on voit, sur la rivière, se dresser quelques piles,
 quelques arches démantelées. A Serin, les hangars, les fenils,
les entrepôts de vins sont entraînés; les tonneaux flottent au-
 dessus des toits, et quelques-uns s'arrêtent entre les branches
 des arbres. La Saône recouvre et traverse le pont. Il résiste à
tous les efforts.
    Vaise, Y aise surtout, présente un horrible tableau. Voyez,
 écoutez ! À chaque instant des maisons de 4 et de 5 étages
s'écroulent avec le fracas du tonnerre et disparaissent au
milieu des eaux^ en laissant après elles un nuage de poussière.
Que de fortunes détruites, que de positions bouleversées, que
de misère ! Grâce surtout à l'active sollicitude de M. Millet,
maire de celte commune, personne n'a péri. Toutes les mères
ont pu se consoler en embrassant leurs enfants, et pourtant
239 maisons sont tombées!...
    Enfin, il est arrivé., ce neuvième jour attendu avec tant
d'anxiélé. Chacun interroge du regard la hauteur de la ri-
vière. La Saône n'augmente plus, l'espérance renaît. Le 5,
à 8 heures du soir, elle diminue de quelques centimètres.Après
quelques alternatives de crue et de décroissance, occasionnées
par de nouvelles pluies, la Saône, aussi lente à se retirer
qu'elle a été prompte à s'élever, étale peu à peu sous nos
yeux le triste spectacle de ses dévastations. Elle oublie sur nos
quais dragues , bateaux de fourrage et bateaux de pois-
sons; elle laisse dans nos rues des débris de toutes sortes,
d'épaisses couches de fange et de limon; dans nos caves, des
tessons de bouteilles, du vin avarié, des perles sans nombre.
Le sol, quoique pavé, est profondément fouillé.Nos parapets
ont été jetés contre les maisons. Riches devantures, beaux
ameublements, marchandises de tous genres, tout est souillé,
brisé, abîmé, perdu. Tout le petit commerce de nos deux
rives, resté inactif pendant un mois entier, comment pourra-
t-il satisfaire aux engagements du 31 ? Que d'existences dépla-