Revue du Lyonnais » série 1 - n°12 ( 1840 ) » pp.392

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gracieux modèle de tous nos ponts en fil de fer. ïî est ma-
jestueusement parti, entraînant avec lui, dans sa ruine, plu-
sieurs des bateaux amarrés ; sa chute a été un moment d'in-
dicible terreur. Les nouvelles du dehors sont de plus en plus
alarmantes. Des villages entiers ont disparu. Les perles sont
incalculables.
   Les bruits les plus sinistres se propagent. Les routes sont
interrompues; et, depuis quatre jours, sans relations avec la
capitale, on se dit tout bas : La guerre civile est à Paris, le
gouvernement est renversé. Depuis 1830, tout courrier en
retard apporte une révolution.
   Chaque journée amène de nouveaux accidents. Pendant la
nuit, plusieurs maisons de la cité se sont ébranlées et lé-
zardées. On voit l'eau sourdre entre les pavés. De nombreux
affaissements se déclarent sur plusieurs points^ et surtout
dans le sol de l'église des grands Cordeliers. Hier l'incendie
mêlait ses ravages à ceux de l'inondation. Une fabrique d'or-
seille était en flammes à la porte de Yaise. Aujourd'hui des
constructions s'abîment à Àinay, à Perracbe, à la Quarantaine;
les balmes de Saint-George ^ détrempées par les pluies, s'ébou-
lent et emportent quelques-unes des habitations adossées à la
montagne. On a des craintes pour les bâtiments échelonnés
sur la côte des Carmélites. On les fait évacuer. Des malfai-
teurs , à la faveur de la nuit et de cette grande perturbation,
s'introduisent dans les maisons désertes pour les piller, et
s'abattent, comme des oiseaux de proie, sur nos ruines, pour
fouiller les décombres et voler l'indigence.
  Toute la partie praticable de la ville est envahie par la foule.
Tout le monde est en mouvement. On se groupe autour des
affiches de nos autorités. Affaires et travaux, tout est suspendu.
On ne s'occupe plus que d'une chose : de la Saône. On ne s'a-
dresse plus d'autres questions que celles-ci : Baisse-telle ? aug-
mente-!: elle? On a besoin d'émotions; on gravit les hauteurs.
Quel affreux spectacle se découvre alors! Plus de places, plus de
rues ! de l'eau, partout de l'eau! Une foule inquiète et curieuse se




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