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355 cîérables changements dans l'organisation, peut être même dans l'existence, des empires qui le composent. Il importe peu que le croissant ou la croix grecque domine à Constantinople ; ou plutôt , au seul point de vue de la civi- lisation , on doit préférer que la domination russe remplace la domination des califes ; car si elles sont aussi despotiques l'une que l'autre , la première , du moins , n'est pas sous le joug écrasant du fanatisme religieux 5 et le temps sembla plus prochain où elle sera forcément entraînée dans la voie des progrès et des émancipations. Ce qui importe surtout, c'est que le colosse russe , athlète puissant, mais heureusement engourdi encore, ne puisse acquérir une sur- abondance de vitaîilé qui, en l'absence de contrepoids modé- rateurs , le rendrait dangereux pour le repos du monde; ce qui importe, c'est que l'Angleterre ne puisse ranimer ses forces débilitées pour en faire, se!on son habitude, un usage égoïste à son profit exclusif. Il est de l'intérêt de la France, comme de toutes les puissan- ces de premier ordre, de s'occuper avec une attention appro- fondie et continue des diverses tentatives de la Russie pour s'emparer de Constantinople que depuis si longtemps elle ambitionne, et de l'Angleterre pour retirer tout le profit possi- ble du consentement qu'elle voudra bien accorder à l'asser- vissement de l'empire turc. Pour bien se rendre compte des intérêts réels de la France et de la marche que doit suivre sa politique dans cette affaire, il fautdabord examiner la position relative, les besoins, l'orga- nisation même des peuples qui s'y trouvent engagés. Ces peuples sont : d'une part , la Russie , la France et l'Angleterre ; et d'autre part, la Turquie et ses dépendances. La Russie veut Constantinople ; la France et l'Angleterre dési- rent et espèrent profiter de l'ambition russe pour établir irré- vocablement, au détriment l'une de l'autre , leur dominatior» sur la Syrie et sur l'Egypte. Pour ces trois lutteurs le succès est une question presque vitale.