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 Et quoi de plus ! Ami, ces enfants sont les hommes ;
 Et ce bois ténébreux c'est le monde où nous sommes,
 Et je raconte, hélas ! avec joie et terreur
 Tous ses enchantements et toute son horreur....

 C'est le monde battu d'un implacable orage
 Qui se réveille en nous s'il s'appaise au dehors,
 Et sur tous les chemins nous poursuit avec rage,
 Et nous fait faire, hélas! pour trouver un ombrage,
       —Sans espoir,—souvent, tant d'efforts,

 Ah ! dans cette recherche et dans cette âpre lutte
 A travers tous ces maux auxquels on est en butte
 Que l'on a peu de temps pour s'entendre et s'aimer !
 Qu'en se quittant l'on peut justement s'alarmer,

  Et trembler et se dire? « où conduit votre route,
« Sais-je si va la mienne et sais-je si j'irai ?
« Vous avez une part de mon âme, sans doute ;
« Mais le cœur vit d'oubli : à le dire il en coûte,
       Sais-je si je vous reverrai? »

  Dans le temps que Jacob voyageait sur la terre,
  Au désert de Pharan s'il rencontrait un frère,
  Tous deux sur la colline avant que de partir
  Bâtissaient au Seigneur l'autel du souvenir.

  Votre cœur est l'autel -, que ceci soit la pierre !
  Comme eux je la choisis dans le creux du torrent ;
  Mais si vous la trouvez brute et peu régulière,
  Ernest, rappelez-vous quelle folle rivière
      Traverse mon sol en courant !
                                               C- $>