Revue du Lyonnais » série 1 - n°12 ( 1840 ) » pp.291

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    Presque toutes les facultés de l'intelligence peuvent être atteintes
et stupéfiées par cette influence; non toutes à la fois également, mais
partiellement, et, comme je l'ai avancé, c'est spécialement la fa-
culté prédominante qui, la première, est affectée. Il est rare que,
 parmi les facultés intellectuelles, il n'y en ait pas une qui se signale
par plus d'aptitude, par plus d'intensité. Eh bien ! c'est celle-là qui
 manifeste d'une manière plus expressive l'altération produite par
l'abus du tabac. Je n'essaierai pas d'en dévoiler les causes, il suffit
à mon sujet d'en signaler les effets. En suivant successivement
quelques-unes de ces fonctions, il sera facile de prouver cette in-
 fluence.
    En général, les fumeurs manquent d'attention ; on dirait qu'un
nuage est interposé entre leurs sens et les objets extérieurs, tandis
que l'action narcotique de la nicotiane suspend en grande partie la
sensibilité. Dans leur stupéfiante préoccupation, ils sont faiblement
impressionnés par ce qui les entoure (1); remarquez que plusieurs,
je ne dis pas tous, sont peu sensibles aux charmes de l'esprit, aux
beautés de la nature, aux chefs d'oeuvres de l'art, etc. De l'absence
de l'attention découle nécessairement la stérilité des autres fonc-
tions. Aussi, que de jeunes étudiants sont obligés d'abandonner
leurs études pour cette cause !
    La mémoire est enrayée et le souvenir s'efface peu à peu ; on a
appris, on oublie; on veut apprendre, on se rebute ; l'intelligence
 stupéfiée, paralysée, s'y refuse. Que d'exemples je pourrais citer de
 cette malheureuse influence qui n'est que trop commune! J'ai vu les
 plus belles espérances rapidement détruites, au milieu des fumées
enivrantes de l'estaminet. J'ai v u de jeunes hommes,brillants de santé
et riches d'intelligence, se laisser entraîner à cette funeste habi-
 tude, et tout perdre en peu do temps : santé, esprit, présent et
 avenir.
     La mémoire, si utile dans toutes les études , est entretenue,
 fortifiée par l'attention et le travail, et comment le serait-elle
 dans cet état d'oisiveté et d'ivresse produit par les vapeurs du


   (I.) le parle spécialement de cet état qui excile pcixîaul l'action de îumer.