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 marqué que le jeune sauvage de PAveyron n'a craché que plusieurs
 mois après avoir été pris, et il est évident que, le plus souvent, cette
 excrétion est produite par une irritation des glandes, une maladie
 de la bouche, du larynx, ou du poumon.
    Ainsi, cette sécrétion abondante est donc contre nature, elle fa-
tigue les organes, et use ou détourne desfluidesutiles à une impor-
 tante fonction. Mais, ce qui est tout aussi grave, c'est que cette sa-
live, imprégnée du suc vénéneux du tabac, va porter son action
malfaisante sur l'estomac, soit qu'elle y pénètre dans l'intervalle
des repas, soit qu'elle imprègne les aliments dirigés dans cet
organe. Cette influence pernicieuse ne peut être réfutée, et elle
agit de deux manières sur l'organe essentiel de la digestion : elle
excite d'abord sa sensibilité et quelquefois même sa contractilité, sur-
tout chez ceux qui ne sont pas blasés par l'habitude. Souvent même
l'estomac est tellement surexcité que le vomissement en est le rô-
sullat. Là commence, en quelque sorte, la double action du tabac :
d'abord Je principe irritant provoque ces premiers phénomènes; puis
le principe narcotique pervertit, stupéfie dans l'estomac la faculté de
sentir et de se contracter. Ce viscère commence à devenir, comme
on le dit, paresseux, l'appétit se perd, les digestions deviennent pé-
nibles, des gastralgies se manifestent ; c'est là le principe, le com-
mencement de diverses maladies. Cet état cède momentanément à
une nouvelle imprégnation du principe vénéneux, pour se réveiller
de nouveau et se perpétuer ainsi, sans que celui qui l'éprouve cher-
che à en dévoiler la véritable cause. C'est surtout le matin, à jeun,
quand l'estomac est, en quelque sorte, à nu, que cette influence est
plus active et plus dangereuse.
   Le dernier effet de cette introduction de la salive imprégnée des
principes narcotico-acres du tabac est tout à fait vénéneux. Ces prin-
cipes sont absorbés et produisent une sorte d'empoisonnement lent, et
qui peut, cependant, devenir promptement mortel si la dose de tabac
est considérable. Les diverses expériences qui ont été faites sur les
chiens, et les observations recueillies chez l'homme prouvent cette
vérité, comme l'a dit M. le professeur Orfila. Le célèbre Sanieuil
mourut dans des douleurs atroces, après avoir bu du vin dans lequel,
par une plaisanterie impardonnable, on avait mis du tabac.