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215 exécutés dans la soirée du même jour. M. le comte de Clu- gny, qui s'était adressé à M. le baron d'Izeron, prévôt-géné- ral de la maréchaussée, pour le supplier d'accorder un sur- sis, et qui croyait fermement l'avoir obtenu, fut d'autant plus surpris de la diligence apportée par le grand prévôt à faire exécuter les deux jugements, que , peu d'heures après, des lettres de grâce, demandées au roi par les comtes de Saint- Jean, arrivèrent de Paris. Ayant rencontré M. d'Izeron, le lendemain sur le pont du Change, M. le comte de Clugny lui reprocha très amèrement son manque de parole. Le baron voulut essayer de se justifier ; mais M. de Clugny, transporté d'indignation, refusa de l'entendre et lui donna un soufflet. Un duel suivit immédiatement cette scène : atteint d'un pro- fond coup d'épée, le prévôt-général expira presque sur le champ. Une chose encore très déplorable dans cette triste affaire, ce fut l'insigne faiblesse de la juridiction de la police qui, en possession, par l'édit de 1699, par l'arrêt du conseil de 1702, parl'éditde 1705et l'arrêt du conseil de 1709, du droit de connaître de toutes les séditions et émeutes populaires, laissa pourtant agir le prévôt, ce qui n'avait pas eu lieu dans les émeutes arrivées au collège de la Trinité, à la Grenette et à la porte delà salle des spectacles. Les journées du 13 et du 14 mai se passèrent fort tran- quillement ; mais le Consulat, trouvant qu'il existait toujours une sorte de mécontement et d'indocilité chez les ouvriers, et prévenu qu'un asssez grandnombre d'entr'eux avait pris le parti de s'éloigner de la ville, dans la crainte d'être recher- chés par l'autorité, écrivit au commandant du Pont-de-Beau- voisin et à celui du fort l'Ecluse pour le prier de s'opposer au passage de tous les ouvriers qui se présenteraient, et de les contraindre par tous les moyens à revenir à Lyon, afin d'y reprendre leurs travaux. Le 15, un escadron des chasseurs du Gêvaudan, un bataillon du régiment de Royal-la-Manne