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eût été curieux de voir le développement philosophique
d'une belle pensée.
   Ce n'est point en se faisant la très humble esclave des
 gouvernements que l'Église grandira ; ils savent, on en a
de récents exemples, ils savent enlever de leurs sièges les
évêques et les jeter dans des forteresses. C'est dans l'esprit
des peuples qu'elle doit jeter ses racines, et quand elle se
déclarera leur patrone et leur protectrice, elle les trouvera
dociles et reconnaissants. L'appui qu'on lui prête ailleurs
n'est pas gratuit ni désintéressé ; il se subordonne à des
questions de viabilité, car l'on pense qu'un élai, d'où qu'il
vienne, n'est point à dédaigner. Hors de l.a, il est plaisant
de voir des gouvernements athées ou tout au moins indif-
férents, prêter main forte aux sociétés religieuses, et certains
hommes venir aduler aujourd'hui ce qu'ils combattaient et
ravalaient hier ! Mais aussi le salaire n'est-il pas aussitôt
mis en avant et ne semble-t-il pas qu'un évoque soit un
préfet, qu'un prêtre soit un agent de police ou un garde-
champêtre, et qu'ils doivent, dociles instruments, saturer
d'encens le pouvoir, ou poursuivre l'émeute sur la place ?
On ne doit point encore avoir oublié ce que le clergé s'a-
massa de haine, sous la Restauration, pour s'être immiscé
à de passagères questions de drapeau ou d'enfant royal.
On n'a pas oublié non plus que les coryphées du libéralisme
hurlaient de belles réprobations contre ce zèle déplacé ; que,
dans le clergé même, des esprit distingués s'affligeaient des
préoccupations de beaucoup d'entre leurs confrères. Mais
 aujourd'hui qu'il y a eu volte-face, que les sinécures et les
places ont fermé la bouche aux philosophes déclamateurs,
il arrive que nos sages ne trouvent point si mauvais que le
clergé sache faire un peu de politique, ou, si le cœur lui
 en dit, qu'il s'époumonne à célébrer les louanges des gou-
vernements. C'est ainsi que nos passions se meuvent par
nos intérêts.
   On a remarqué le biblisme de langage qui défraie le com-
 mencement de la Lettre pastorale. Ces métaphores et ces
 images, prises des livres saints, peuvent quelquefois amener
 des applications fort heureuses, mais le monde les comprend
 peu, car elles manquent de sel pour ceux qui ne connaissent
 que de nom les Ecritures. On a remarqué aussi quelque rai-
 deur de forme, et le noble prélat qui était devancé par une
 réputation de rigidité a pu être jugé encore là dessus, par




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