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nus dicendi perilus, de s'écrier que c'est là le triomphe de
l'esprit sur la chair.
Lui aussi, peut-être, mourrait incompris, si sur les mille
traits de sa vie processive, nous n'en citions au moins un
de nature à marquer ce caractère du sceau de l'originalité.
L'un d'eux avait pour client un octogénaire qui, depuis
l'âge de majorité, réclamait un droit de passage sur la terre
du voisin. Mais si le vieillard était du mouvement en fait
de procès, le voisin, homme de résistance, luttait de père
en fils contre son agresseur, non sans quelque avantage.
Déjà même, par plusieurs sentences, le voisin avait déroulé
le demandeur ; mais ce demandeur indompté trouvait toujours
ce qu'il appelait une porte de derrière pour revenir sur son
passage. Et cette procédure était, au dire de tous, pour
l'avocat conducteur du litige, une de ces procédures viagères,
alimentaires et toutes providentielles. Or, malgré les senten-
ces, le passage n'avait donc jamais discontinué. L'homme Ã
cheveux, blancs s'y traînait bon gré malgré, au soleil com-
me à l'ombre, lorsqu'une grave maladie vint au secours
des arrêts de la justice. Elle atteignit l'octogénaire, l'oc-
togénaire qui allait perdre cette fois, en perdant la vie,
l'utile possession du sentier ! Pour lui qu'était l'existence,
comparativement à ce sentier qu'il fallait délaisser, en vertu
d'un arrêt sans appel? Cinquante pas de long sur un pas de
large, c'était bien là tout ce qu'était l'espace disputé ; mais
quelle large place le sentier n'occupait-il pas dans le cœur
de l'obstiné vieillard? Qui me succédera, qui me continuera?
s'écriait-il, dans cette possession que je n'ai jamais decessôe?
mes enfants? mais il vont de suite lâcher prise. L'un habite la
ville, et l'autre sert le roi de France. Et le moribond se con-
fondait auprès de son conseil, en recommandations de ne pas
faire avorter cette grande querelle. — Discontinuer... plutôt
mourir, lui répondait l'avocat de village si dévoué à de