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 «esoins. Son manoir, vide d'objets saisissables et même in-
 saisissables, n'a pour tout mobilier qu'un recueil de lois. La
 chicane, on le voit, a passé par là, a tout déménagé, ne res-
 pectant, que des liasses de procédures en réserve pour le
 magister chargé d'enseigner à lire d'illisibles papiers aux
 marmots du pays. Son domicile, du reste, est partout où l'on
plaide, il campe au cabaret le plus près du prétoire. Le fils
de famille qu'il a ruiné en procès mal conseillés, il le marie.
Marié, il le sépare de biens, séparé de biens, il le vend ensuite
comme remplaçant militaire au premier tirage. Au retour du
service, que le libéré obtienne un bureau de tabac en é-
change d'un bras de moins ; ou qu 'il crée un fond de café,
notre avocat qui lui a voué un de ces attachements à la vie
à la mort, en sera le premier chaland, et ce dangereux con-
sommateur insinuera bien vite au débitant l'art de vivre
sans payer ses dettes.
   — Ce n'est pas l'avocat de campagne qui d'habitude se
plaint de la lenteur des formes de justice, de cette lenteur
procédurière qui se rattache, qui tient à la claudication de
la divinité,qui en règle la marche. Ses vacations s'en mul-
 tiplient d'autant ; et cette vie foraine, ambulante, du village
au chef lieu et vice versa, n'en dure que plus. Il végète lors-
qu'il n'a que de petits incidents à exploiter. Ces incidents
sommaires lui font à peine ce qu'il appelle son vin et son
tabac. Ce qu'il lui faut, à lui, c'est un patrimoine de mineurs,
une pièce de résistance, une mère tutrice, par exemple, bien
tourmentée, aux cent coups, et qui en perd la tête, mère
tutrice qui aura,pour la guérison de son mari, tenu conti-
nuellement conseil de bonnes femmes et qui ensuite, à sa
mort, pour tous ces embarras d'hoirie qui la font damner, ne
voudra pas plus essayer des grands avocats qu'elle n'a voulu
essayer de tous ces grands médecins qui vous ruinent et qui
vous tuent. A ce domicile mortuaire, celte fois, il trouve