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M III. La vapeur est un moteur puissant, il est vrai, mais que d'inconvénients l'accompagnent. Coût considérable de la machine destinée à produire la force, énorme dépense pour la production matérielle de cette force, nécessité des approvisionnements de charbon qui en- combrent des espaces souvent précieux ; danger incessant des incendies et des explosions ; enfin, et par dessus tout, impossibilité de mettre en réserve la force produite, et néces- sité inévitable de la dépenser de suite ou de la perdre ; tels sont les désavantages de la vapeur. L'emploi de l'air com- primé promet de les éviter. On pourrait le recueillir partout et, pour ainsi dire gratuite- ment, car les appareils de compression seraient simples et peu coûteux, et ils pourraient être mis en action par les mo- teurs naturels ; il pourrait être transporté facilement, car il n'a pas de pesanteur sensible; il pourrait, enfin, être mis en réserve et indéfiniment conservé. Cette courte comparaison ferait ressortir déjà la supériorité de l'air comprimé sur la vapeur ; mais l'adoption de ce mo- teur nouveau produirait encore d'autres résultats, présenterait d'autres avantages qu'il est utile de faire connaître. Il ne suffit pas, en effet, qu'un produit soit meilleur, il faut encore qu'il soit à un prix moindre pour qu'il y ait pro- grès et avantage vrai pour tous. L'application de la vapeur aux industries est un progrès, sans doute, mais le perfection- nement que cette application comporte est incomplet, parce que, tout en améliorant les produits, son intervention n'en abaisse pas assez le prix pour les rendre accessibles à une plus considérable consommation. Il y a même plus, le développement toujours croissant des machines à vapeur, menace de réagir d'une manière défa- vorable sur le coût de production de beaucoup de choses