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290 Fitiques de la ville éternelle, leur ont fait, parmi nous, des ennemis irréconciliables. S'il était vrai que le génie des poètes latins ne se distinguât point de celui des écrivains de la Grèce, et ne le dépassât môme par quelque côté, il faudrait croire que la puissance politique d'un état et l'enthousiasme qu'elle excite chez le peuple, loin d'être des causes de splendeur littéraire, ne servent, au contraire, qu'à abaisser les senti- ments et les idées dont les arts sont l'expression. Sous la protection des noms les plus illustres et des plus graves autorités, l'opinion s'est répandue qu'Horace n'était que le vil flatteur des instincts les plus bas de l'ame humaine; et, comme il s'appelle lui-même en jouant, . . . . Epicuri de gregeporoum(l), on s'est hâté de dire qu'il avait dépensé tout son génie à tra- duire dans la langue de Rome ce que la littérature grecque avait produit de plus lâche et de plus sensuel au temps de sa décadence. Cependant croit-on que, môme dans un moment d'ivresse, il eut osé promettre l'éternité à son petit volume, monumentum œre perennius(2). s'il n'y avait déposé que des sentiments efféminés et désho- norants. Ce n'est pas seulement l'harmonie concise de son yers qu'Horace emprunta au mode éolien de Sapho, /Eoliis fidibus querentem Sappho (3), et au ton mâle et sublime du vieux Alcée, Et te sonantem plenius aureo, Alcaee, plectro dura navis, Dura fugœ, mala dura belli (4) '. (1) Epist. IV, lib. I: (2) Od. XXX, lib. III. (3) Od. XIII, lib. II. (4) Ibid.