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117 Survint alors à cette élite de jeunes littérateurs la pensée de formuler ses doctrines dans un pacte d'associa- tion destiné à les rendre pratiques et toujours stables, selon l'expression de nos lois. « Il est temps que les départements se prononcent et règlent leur compte avec la capitale, s'écriait l'un d'eux, rédacteur, aujourd'hui du journal le Capitole. — Est-il une ville en France qui ne compte un écrivain, un poète, rebuté, méconnu, calomnié par cette tourbe litté- raire dont abonde la capitale, république de loups, et non des lettres, comme le disait Beaumarchais, composée, à quelques exceptions près, d'hommes de mauvaise foi, dans la science comme dans la vie ; trafiquant de l'esprit d'au- trui, inclinés devant les notabilités littéraires, comme l'huissier devant le ministre, esprits superficiels et mo- queurs qu'un calembourg enchante, qu'un jeu de mots ravit, et que le produit d'ouvrages scandaleux console à peine des succès de leurs rivaux ; véritables vipères de la littérature, que l'on n'écrase point parce qu'on a la fai- blesse de les craindre, et dont le fiel, adroitement ré- pandu dans de perfides journaux, a coûté tant de nuits affreuses, tant de larmes amères à une foule d'honnêtes gens, soigneux à dissimuler leurs peines pour ne pas doubler le triomphe de leurs méprisables ennemis » « Aussi, voyez comme tout pâlit et s'efface, voyez comme, francs et originaux dans leur pays, nos prosa- teurs et nos poètes courent engloutir dans le gouffre commun et leur réputation et leur fortune ! Où sont-ils les troubadours inspirés par le beau ciel de la Provence? Qui célébrera l'olivier de l'Occitanie? l'éloquente viva- cité de l'Aquitaine, les souvenirs chevaleresques de la Bretagne , que sont-ils devenus ?.... Le poète a vu Paris, tout est désormais correct •, mais tout est pâle et blafard, sans vigueur et sans vie. Sur les sommets des Pyrennées, au bord du Rhône impétueux et rapide, dans les Cevennes aux rocs pittoresques. C'était à Paris qu'il