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25 lisent couchée au pied de ses vertes collines , et ombragée de guirlandes de pampre, est bercée par le flux et le reflux de son beau fleuve (1). Mais, depuis les jours d'Ausone, l'humble Burdigala avait bien grandi. Elle avait déchiré, en s'épanouis- sant, son enceinte romaine ; ses rues étroites s'étaient élargies en avenues magnifiques, bordées d'élégantes maisons : la fé- conde, la majestueuse Garonne, fière du beau pont dont Napo- léon l'avait couronnée, et semblable à l'antique Cybèle sous son diadème de tours, appelait dans son sein les navires de toutes les nations , et tenait le commerce des deux mondes dans un pan de sa robe d'azur. Aujourd'hui que nous avons emporté loin de l'Aquitaine notre tente vagabonde, nous retrouvons à Lyon aussi des tra- ces 'de notre illustre confrère. Car si Ausone reçut le jour à Bordeaux, c'est à Lyon qu'il doit une seconde naissance. C'est dans le monastère de l'Ile-Barbe qu'a été conservé le seul manuscrit complet de ses œuvres. C'est aux soins studieuxd'un lyonnais, Etienne Charpin , et aux frais d'Ant. d'Albon qu'Au- sone est redevable d'avoir été rendu tout entier au monde litté- raire, en 1558. Et certes il était temps : quatre ans plus tard, la bibliothèque de l'Ile-Barbe était livrée aux flammes par les Calvinistes, qui s'étaient rendus maîtres de Lyon, et plusieurs parties des ouvrages d'Ausone périssaient sans retour. La tâche que nous entreprenons n'est point une œuvre de biographe ou de commentateur. Les savants travaux de J. Scaliger, de Yinius et des Bénédictins ne laissent rien à dé- sirer sous ce rapport. Nous osons l'avouer, le but auquel nous aspirons nous semble plus élevé, plus utile. Que , parmi les débris de la littérature latine, il y ait eu un écrivain d'un mé- rite secondaire, auteur de plusieurs pièces gracieuses et d'une foule de vers médiocres ; que cet écrivain ait élé précepteur de Gratien, comte du palais, questeur et enfin consul, c'est un (1) ... Juga frondea subsunt. Fervent œquoreos imitatafluenlameatus (Clarœ urbes).