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  laquelle les habitants des grandes villes affectent quelquefois de par-
 ler des provinces ; car rien ne devait être moins étonnant que le fait
 local révélé à Pline par Geminius. Après ce que nous avons vu de
 Rome et ce que nous connaissons d'ailleurs sur l'état de la littérature
 à cette époque, il serait bien étonnant, au contraire, que Lugdunum
 eût été privé d'une branche de commerce dont la civilisation avait
 fait alors une nécessité. En sa double qualité d'homme de lettres et
 d'homme d'état, Pline devait mieux connaître ce qu'on appellerait
aujourd'hui !a statistique intellectuelle et commerciale de l'Empire.
 Sous ce rapport, en effet, il avait bien des données perdues pour
nous ; et cependant l'antiquité, si mutilée aujourd'hui dans son his-
toire et sa littérature comme dans ses monuments, nous en a laissé
quelques unes qui sont trop essentielles à mon sujet pour que je
puisse les omettre ici. -
    Il est possible que les provinces publiassent peu de livres, parce
que déjà, à cette époque, la capitale absorbait tout, ainsi qu'il arrive
dans les états qui sont en voie de décadence. Mais les productions de
la littérature de Rome se répandaient dans les diverses contrées de
l'Empire, de même que ses usages , son luxe et sa corruption ; car
telle est également la marche invariable des choses. Aussi savons-
nous de ses auteurs que leurs ouvrages se faisaient bientôt connaître
au loin. Horace dit d'un bon livre :
                                     Hic et mare transit (1).
Ailleurs, nous l'avons déjà vu, il fait aller son livre en Afrique et en
Espagne (2). Martial nous apprend que ses écrits parvenaient dans
l'Espagne tarraconnaise, sa patrie (3), chez les Gètes et chez les
Bretons (4).
   Nous avons même sur ce point quelques faits plus intéressants,
en ce qu'ils se rapportent à notre Gaule. La connaissance des deux
premiers est due à Martial, cité déjà tant de fois dans cet article, et


  (1)   De artepoet., v. 345.
  (2)   Epist., I, 20, v. 13.
  (3)   Épigr., X, 104, v. 4.
  (4)   Epigr., XI, 3, v. 3.