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15 D'après tout ce qui précède, on voit que les chefs de ces établis- sements mercantiles employaient pour leur commerce un grand nombre de personnes d'industries différentes. C'étaient surtout les librarii, déjà mentionnés, dont le travail était le plus important, et réclamait aussi une plus grande vigilance. Mais comme nos impri- meurs modernes, ils soumettaient souvent les auteurs à de cruelles épreuves : nous voyons ceux-ci se plaindre de leur peu de soin (1), et se charger eux-mêmes de corriger les copies (2). C'était, en se- cond lieu, les divers ouvriers qui concouraient à préparer l'extérieur des volumes, à les couvrir, à les orner ; car les livres n'étaient pas mis en vente avant d'avoir subi cette opération : on ne connaissait pas ce que nous appelons la brochure. Les dénominations latines que l'on donnait à ces diverses branches d'une même profession ne nous sont guère connues. Celle de bibliopegus ne se trouve point dans les écrivains du bon temps : nous ne connaissons que les gluti- natores mentionnés par Cicéron, et les librarioli, avec lesquels il les joint (3). Gruter nous a conservé une inscription d'un de ces gluti- natores (4) ; elle est courte, et ne sera pas déplacée ici : M AN1VIO STICHIO TIBERII CAESARIS GLVTINATORI Enfin ceux de ces bibliopoles qui vendaient beaucoup avaient sous eux des commis qui les remplaçaient au besoin ; c'est ce que Martial semble dire d'Atrectus, qn'il n'était pas nécessaire de demander per- sonnellement pour avoir les livres qui se vendaient dans sa bou- tique (5). Il est naturel de présumer qu'il y avait aussi à Rome des espèces de bouquinistes, des hommes qui se bornaient à vendre de vieux (1) Strabon, Rer. geog., XIII. 609.—Horat, Deartepoet., v. 354.—Sym- mach. Epist. I, 22. (2) Martial; Epigr., VII, 17, v. 6. (3) Ad Atttc, IV, 4. (4) Inscript, antiq., p . DXCIV, 6. (5) Epigr., 1,118, v. 13.