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 ventïon-Nationale exercèrent envers les habitants de cette malheu-
 reuse cité. Nous dirons toutefois que les principaux chefs de
 l'insurrection lyonnaise, ne jugeant pas à propos de pousser l'hé-
 roïsme jusqu'à partager les dangers que la prise de la ville allait
 attirer sur la tête de leurs concitoyens s'y dérobèrent prudemment
 par la fuite. Nous ajouterons que si les vainqueurs irrités punirent
 peut-être quelques instigateurs subalternes de la rébellion, ils frap-
 pèrent aussi un trop grand nombre d'innocents. Parmi les victimes
 dont le sacrifice excita le plus douloureux étonnement, était un
homme qui, jusqu'alors, n'avait soulevé contre lui aucune haine,
aucune inimitié, parce que sa vie entière n'avait été qu'une suite de
 bonnes et dignes actions. Claude Floret, dont nous voulons parler,
remplaçait auprès de ses frères et de ses sœurs, tous plus jeunes que
 lui, le père qu'ils avaient perdu depuis longtemps. Il était leur ap-
pui, leur protecteur, surtout leur ami tendre et dévoué. Le noble
usage qu'il savait faire d'une fortune loyalement acquise par d'ho-
norables travaux , l'estime universelle et la haute considération dont
 il était environné, son esprit juste et conciliant qui l'avait appelé
aux utiles et paternelles fonctions de juge-de-paix ne purent le pré-
server d'un sort alors malheureusement trop commun. Il attendait
dans une dure captivité la mitraille qui devait le dévorer; toute com-
munication avec sa femme, ses enfants et les autres personnes de
sa famille lui était rigoureusement interdite. Un enfant de huit à
neuf ans entreprit et parvint seul à se faire ouvrir les portes de l'af-
freuse prison do Roanne. Sa physionomie douce, franche et spiri-
tuelle, son air à la fois modeste et décidé touchèrent des cœurs qui
ne passaient pas pour se laisser facilement attendrir. Il triompha
de l'inflexibilité de la consigne, en obtenant de voir le prisonnier
aussi souvent qu'il le voudrait. Il le voulut tous les jours, car il
avait pour lui une tendre vénération : le prisonnier était son oncle,
le frère de sa mère. Ses fréquentes visites servirent à établir entre
le malheureux Floret et sa famille désolée une secrète correspondance
dont le jeune visiteur devint l'agent infatigable et discret. C'était
un faible enfant qui apportait au désespoir do toute une famille le
seul adoucissement qu'il pouvait recevoir, et cet enfant c'était Bou-
chot. On voit qu'il commença de bonne heure ce ministère de se-