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                                      cl   f'0

                                        obo
  la confession, de la prière, du baptême ont trouvé des pro-
 phètes ! C'est le cahos. Luther le sanctionne par son mariage;
 le 14 juin 1525., il épouse une religieuse échappée d'un cou-
 vent, Catherine de Bora. Cette nature de Luther est étrange,
 elle réunit tous les c o n t r a s t e s ; le bien et le mal y régnent
 tour à tour. La charité et la colère sont en lui promptes
 dans leurs accès, inépuisables dans leurs trésors. Celui qui
 commandait le massacre des paysans insurgés p o u r leur li-
 berté aux derniers échos de ses doctrines, avait l'ame bonne
et tendre dans les relations de la vie (1). Il était charila_
ble et se dépouillait pour donner ; quand il n'avait plus, il
 s'adressait à ses amis, il leur envoyait ses pauvres, leur de-
 mandant « dix florins dont il a grand besoin. Les pauvres
 n'ont rien, ils m'auraient certainement prêté, eux. Les riches
refusent, ou ils se rendent de si mauvaise grâce qu'ils perdent
 aux yeux du Seigneurie mérite de leur aumône. Tous savez
 que je n'ai pour toute mon année que cinq cents trente
 florins, je n'ai pas un sou de plus pour moi ni pour mes
 frères. »
    Que faire avec jsi peu, quand on est marié et qu'on a des
enfants? Quelque grand que soit l'amour des pauvres, l'amour
de la famille l'emporte toujours. Le prêtre catholique, voué
au célibat, logé dans le presbytère de la paroisse, nourrj
par le jardin de la montagne et par la ruche d'abeilles tournée
vers l'Orient, n'a pas à penser aux soins de son ménage. Le
mendiant qui passe emportera son dernier morceau de pain.
Que lui importe ! image de Dieu sur la terre^ il souffre seul
pour racheter les souffrances de ses frères. Il n'a pas, comme
Luther, une Catherine Bora échappée du couvent et devenue
femme du moine saxon, grommelant quand elle lui voit faire
l'aumône et craignant toujours qu'il n'en reste pas assez. Il


  (1) Voir dans le livre de M. Audin, au tom. H, pag. 278, un très remar-
quable chapitre intitulé Vie Intime, extrait en partie de la correspondance da
Luther et de sa vie, par Gustave Pfizer.