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répandît l'opinion contraire ; il permit que Nyplius propageât,
avant Spinosa, le dogme de l'ame universelle. Ainsi les doc-
trines contraires se heurtaient, et ébranlaient par leur tumulte
l'esprit catholique. Les vagues croyances de Platon, adoptées
déjà et soutenues par Marsile Ficin, Pic de la Mirandole et
Laurent de Médicis, père de Léon X, entraînaient peu à peu
à l'hétérodoxie les savants et les poètes. L'Évangile perdait
ses disciples ; le doute marchait à grands pas.
   La volupté de la vie privée n'était pas moins grande. Léon
X , ami des hommes instruits, mais bon vivant, passait
toute l'automne dans les plaisirs de la campagne, à la chasse
au val, près de Yiterbe , à la chasse au cerf près de Cor-
tneto, à la pêche près du lac Bolsena , ou dans les délices
de Malliana, son séjour favori. Les poètes aimables et les
improvisateurs l'y accompagnaient. L'hiver, on venait à Ro-
me, dont la population avait considérablement augmenté.
La cour animée, brillante, spirituelle se souciait peu des fêles
religieuses. Les deniers des fidèles n'y étaient guère em-
 ployés. On les réservait pour les jeux el le théâtre. La joie,
le doux vivre, les charmes des plaisirs étaient tels que le
cardinal Bibiena écrivait à Jules de Médicis qui songeait
à se fixer à Rome avec son épouse; < Dieu soit loué ! il ne
                                         >
nous manque rien ici, si ce n'est une cour de dames ; (1) » et
le cardinal Bembo s'écriait :
    « Adieu, Rome, que doit fuir quiconque veut vivre sainte-
ment, adieu, ville où tout est permis, excepté d'être homme
de bien (2). »
   Rome, si belle, si pleine de luxe, de splendeur insolente,
d'éclat payen, de monuments magnifiques et de tumulte,
la Rome de Léon X oubliait et négligeait chaque jour les
lois du Christ. Le plus fidèle croyant sentait venir la néces-

  (1) Léopold Rnnke, Histoire de la papauté. T. I. pag. 100.
  (2) Vivere qui sancle vultis, discedite Roma ;
      Omniahic esse licet, non Hcel esse bonum. M. Audin, pag. 121, t. I.
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