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         Où l'écolier se voil affranchi de sa chaîne :
         Ni sombre magistral qui le fasse pâlir,
         Ni de ces beaux habits que l'on craint de salir,
         Qui me rendaient des jours de fête et de dimanche,
         Quand j'en étais paré, l'allégresse moins franche.


         Mais d'où vient que ces temps que j'évoque aujourd'hui
         Pour pouvoir arracher mon ame à son ennui,
         La ramènent encore à sa tristesse amère?
         Hélas! c'est que bientôt je vis pleurer ma mère.
         Mon père s'en alla par ce mal triste et lent
         Qui fait voir chaque jour le soleil moins brillant,
         Qui fait passer des nuits aux longues insomnies,
         Qui, pour un seul trépas, donnant vingt agonies,
         Enlève fil à fil la trame de nos jours,
         Où l'art ne peut donner que d'impuissants secours.

         Que de fois, loin du lit où gisait sa souffrance,
         Ma mère, avec des yeux qui cherchaient l'espérance,
        A dit au médecin qui nous donnait ses soins :
         — Ne le trouvez-vous pas mieux qu'hier?—Beaucoup moins.
         Et ses yeux se mouillaient de larmes, et les miennes
         Se mettaient à couler, voyant couler les siennes.
         Puis elle me disait : — Pourquoi gémir ainsi?
        Enfant, de jour en jour tu deviens pâle aussi.
        Bientôt dans la maison nous aurons deux malades;
        Va le distraire avec tes jeunes camarades. —
        Et, sortant pour aller essayer le bonheur,
        J'entendais une voix me dire au fond du cœur :
         « Comment te réjouir quand ta famille pleure? »
        Et, triste, je rentrais dans ma pauvre demeure,
        Et, le front dans la main, sur la table accoudé,
        Je me sentais encor de larmes inondé.


   Le poète se mit, une autre fois, à nous lire des vers égarés
parmi des papiers en désordre, et alors le fauteuil héréditaire,
le vieux bahut de la famille défilaient tristement dans un cor-
tège de pieux souvenirs ; mais la visible émotion du fils et de