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de la langue française de Dubelley, écrit noblement
et sagement conçu fut le manifeste de cette société litté-
raire de la Pléiade qui abusa si étrangement du droit
d'innovation. Véritable manufacture de mots et de vo-
cables, la Pléiade et son coryphée Ronsard habillèrent si
bien la langue française de lambeaux grecs et latins
qu'ils en firent quelque chose d'informe, da méconnais-
sable, de monstrueux. Est-ce à dire pour cela qu'ils aient
perdu la langue ? Ainsi surchargée et exubérante, la lan-
gue parut devant le tribunal du bon sens public, cet
instinct infaillible; elle eut bientôt rejette les éléments in-
digestes, conserva les autres et fit légitimer les emprunts
par l'usage et à la fin du X \ I e siècle elle avait une gram-
maire, un système de régies et de convenances.
    Si maintenant nous envisageons les résultats de la
réaction antique, non plus sous le point de vue de la
langue, mais sous le point de vue littéraire proprement
dit, nous n'aurons pas à regretter non plus les modifica-
tions introduites par les littératures anciennes.
   Voyons, en effet, ce que la littérature nationale a reçu
du dehors, voyons ce qu'elle a conservé.
    Nierons-nous que nous ne devions aux chefs-d'œuvre
 antiques celte belle et noble tragédie française, qui
s'épurant et s'élevant successivement entre les mains de
Jodelle, de Garnier, de Mairet, a été portée par Cor-
neille et Racine jusqu'à la parfection de l'art ! Nous S a -
 vons plus, il est vrai, les mystères, les sottises et les
farces des Confrères de la Passion. Mais, en vérité, per-
  sonne ne s'aviserait de dire que nous ayons perdu au
 change. Aux sermons grotesques et presqu'orduriers des
 prédicateurs du XV e siècle, à la loquacité matoise et vul-
 gaire du vieux barreau ont succédé les chefs d'œuvre de