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de l'époque; le savant était l'homme honoré, l'homme
saint par dessus tout, l'homme que princes et répu-
bliques s'arrachaient à prix d'or, se diputaicnt presque
les armes à la main. L'Italie du XV e siècle toute entière
retentissait des querelles érudites du pogge, de Manuel
Chrysolaras, de Pic de la Mirandole, etc. etc.
    C'était une efllorescence générale de la littérature et
des arts de l'antiquité; les Médicîs à Florence, Nicolas IV,
plus tard Léon X à Rome fondaient des académies, s'en-
touraient de lettrés et d'artistes et jetaient l'or à pleine
main pour récolter de riches moissons intellectuelles.
   Telle était la situation littéraire de l'Italie quand la^w-
rïa francese, bondissant par dessus les Alpes, vint poser
un pied à Milan et l'autre à Naples. Il était impossible
qu'au contact de cette brillante et savante Italie , notre
nation si ductile en quelque sorte, si prompte à s'assimi-
ler les éléments étrangers, ne se modifiât notable-
ment et dans ses idées et dans sa langue, dans sa littéra-
ture enfin.
    Et c'est ici qu'il nous faut distinguer ce qui nous est
venu du dehors de ce qui a son principe au dedans, le mou-
vement extérieur du mouvement indigène. Jusqu'à la fin
du XIV e siècle la littéraiureestféodalejtouty est empreint
 de cette fleur de galanterie, de cet esprit chevaleresque nés
de l'exaltation des Croisades. On y sent l'enfance ou plutôt
l'absence de l'art, et c'est précisément là ce qui fait le char-
me de cette littérature. On se prend à regretter la prose
 enfantine et le récit naïf de Villhartlhouin et de Joinville,
la loquacité vive, abondante, colorée de Froissart ; puis on
rît aux bonnes saillies d'Ysengra et aux allégories sati-
 riques du roman de la Rose, Mais que l'on regarde au
fond de celte littérature : descriptions, sentiments, sa-