page suivante »
30 au-dessus desquels grondait la lempêle en bruits sonores et sifflant, des mornes surmontés de leurs pitons, décharnés comme des cadavres, lel était l'asile qui nous attendait à bâ- bord; à tribord nous avions la c o r v e l l e , q u i avait orienté comme nous et se tenait à une certaine dislance. Notre vie et notre mort élaient donc dans cet élroit es- pace, entre la fureur des flots, el la cruauté des h o m m e s ! ! ! Olivier était près de m o i , me regardant d'un Å“il ferme et plein de tendresse. Oh ! adieu, lui dis-je en le serrant con- tre ma poitrine, adieu, pauvre enfant, c ' e s l i c i l e terme de notre course et de nos voyages dans le monde. Au moins nous mourons ensemble. — 0 mon frère, me dit-il, que je t'aime! que la mort me paraît douce avec toi! et cependant sans ce lâche, nous aurions pu vivre. Celle parole me fit dresser les cheveux de fureur et de rage!! !! Je rêvai un m o m e n t ; et me réveillant tout-à -coup, saisid'une inspiration subite:.... A moi, compagnons ! à moi, forbans, que la mort va dévorer, hurlai-je en courant sur le p o n t , au milieu des cordages b r i - sés, des vergues cassées, des tonnes jetées çà et là , des la- mes qui couvraient le pont! — à moi, hommes qui allez m o u - rir par le crime d'un autre, que la vengeance au moins nous suive au-delà de la t o m b e ! jurons, mes amis, que si q u e l - qu'un de nous échappe au danger qui nous menace, ou au sup- plice qu'on nous prépare, il vengera dans le sang de celui qui nous a trahis, la mort de tant de braves; el espérons encore, que le sort sera assez juste pour conserver un d'entre nous. Ces paroles portèrent dans leur cÅ“ur une joie féroce et sa- tanique; c'était comme du rhum qui leur montait au cer- veau et qui leur donnait le délire. O u i , s'écrièrent-ils tous, en prenant le poignard que j'avais enfoncé dans un morceau de liège, o u i , nous le jurons, et jetant par dessus le bord l'ins- trument de notre vengeance qui devait aller attendre sur le rivage qu'une main vint s'en armer, ils se livrèrent à tout ce que le désordre et la rage pouvaient leur inspirer. Ils burent, ils chantèrent ; quelques-uns même allèrent jusqu'Ã