Revue du Lyonnais » série 1 - n°9 ( 1839 ) » pp.504

                                 Sûi
sûr, beaucoup plus intéressant, et peut-être aussi beau que
celui de la philosophie, qui étant à elle-même son point de
départ et son but, son commencement et sa fin, n'a qu'elle
même pour base et fondement de certitude, qui, dans son
travail d'analomie intellectuelle, risque à chaque instant d'é-
garer dans le vide le scalpel qu'elle lient à la main, tandis
que l'histoire qui spécule, qui se remue dans deux sphères
séparées, fait servir l'une à l'autre, et ainsi la certitude des faits
amène la certitude de la conscience.
    L'histoire, étant la science du passé > a des rapports néces-
saires avec toutes les branches des connaissances humaines ;
nous faisant assister au berceau et au développement de tous
les produits de l'intelligence, elle est, je ne dis pas la cause,
mais le témoin, mais l'héritière de leur existence ; et certes,
Messieurs, ce n'est pas une héritière avare ; voyez cette im-
mense galerie, ce vaste musée où figure tout ce qui porte un
nom d'homme ou d'empire ; législateurs, à vous Lycurgue,
Solon, Zoroastre, Confucius, Justinien, Charlemagne; litté-
rateurs, à vous Homère, Sophocle, Térence, Cicéron, Rabe-
lais, Racine; à vous, peintres et sculpteurs, les ciseaux de
Phidias et de Canova, les pinceaux d'Apelles et de Raphaël.
Guerriers, c'est bien là la figure brune et mâle d'Annibal, l'œil
brillant d'Alexandre^, le teint paie de César, le front chauve et
nu de Gustave Adolphe !
    Ce serait déjà un beau titre de l'histoire, qu'elle renfermât
ainsi des pages pour toutes les intelligences, qu'elle nous
rendît ainsi familières les grandes figures que Dieu jette dans
 les temps, pour être le modèle et l'admiration des autres,
qu'elle exerçât si puissamment les forces de l'esprit, par cette
 étude et cette comparaison forcée des institutions, des lois,
 des hommes, mais là ne se bornent pas les bienfaits de l'his-
 toire; elle a des règles pour la conduite de tous, elle ennoblit
 l'ame, elle élève le caractère^ elle purifie le cœur, et aux jouis-
 sances spéculatives elle joint un enseignement grave et pra-
  tique, elle est la morale en action,