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   Toujours vous sortez du cours de M. Démons éprou-
vant un sentiment d'affection pour la savante bonhomie
du professeur, et vous disant à vous-même ou à votre
voisin: voilà un professeur, qui traduit admirablement;
il est profondément savant dans le Grec et dans le La-
tin. — Notez que souvent il est arrivé à M. Démons
de réciter, à propos d'un mot ou d'une idée, des tirades
d'Homère ou de Sophocle, des morceaux de Démosthènes,
à peu près comme nous réciterions une scène de Cor-
neille ou de Racine, un fragment de Bossuet ou de Cha-
teaubriand.-—
   M. Démons a l'organe peu agréable ; les paroles sor-
tent de sa bouche, peu distinctes et peu articulées ;
son geste est nul ou presque n u l ; mais l'Å“il et l'o-
reille bientôt s'habituent à ces petits défauts, on les ou-
blie vite pour ne plus apercevoir que la bienveillance
et la bonté répandues dans tous les traits du professeur.
   Quand un homme s'est fait un plan de conduite que
dans sa conscience il croit le meilleur, et qu'il s'applique
scrupuleusement à le remplir, cet homme mérite au plus
haut point estime, respect, admiration. Tel est le cas de
M. Démons : la voie qu'il s'est tracée, il la parcourt avec
une conscience irréprochable. On dit que M. Démons
travaille quatorze heures par jour. — Honneur et gloire
lui soient rendues!
   Maintenant, un cours de littérature ancienne ainsi pro-
fessé est-il sans défaut; est-il à la hauteur des idées et
des besoins de notre époque? Nous respectons la con-
viction de ceux qui répondront, oui; quant à nous, nous
dirons hautement, non.
   Le premier défaut qui nous frappe dans M. Demons_,
c'est qu'il court infiniment trop vite. Depuis à peine six