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ou plus justement, on assimile mal ce qui est mal élaboré,
mal digéré. Voyez le XVIIIe siècle dans son imitation de
la Grèce ; voyez-nous-mêmes dans notre imitation des lit-
tératures du Nord, après le blocus continental ? L'inconnu
exerce sur l'ame un empire irrésistible. Veut-on secouer ses
chaînes, le dominer à son tour? point d'autre moyen que
de le serrer de près, de le regarder en face et de saisir
le mystère de son existence.
    La France est située heureusement pour ce système de
littérature comparée. Il semble qu'elle ait un organe pour
 s'assimiler chaque élément divers. Elle touche par les Py-
 rénées à l'Espagne, par le golfe de Lyon à l'Italie ; elle
 donne, par dessus le Rhin, la droite à l'Allemagne^ et par
 dessus le détroit, la gauche à l'Angleterre : elle peut s'assi-
 miler égalemeut le génie du Nord et celui du Midi, sans
 qu'aucun lui fasse jamais la loi.
    M. Quinet a clos ce discours par une réflexion pleine de
 noblesse et de philosophie : « notre vie, at-il dit, n'est qu'un
 « point dans la durée. L'homme n'a qu'un instant pour s'in-
 « former des choses qui l'entourent, des hommes qui le
 « précédèrent dans l'existence, de sa nature, de son origine,
 « de ses destinées; mettons à profit cet instant précieux;
 « grossissons notre trésor du trésor de tous les siècles ;
 « approprions-nous la vie de toutes les générations élein-
  « tes ; enfonçons courageusement notre regard dans les pro-
  « fondeurs du passé, pour le tourner ensuite rayonnant
  « d'espérance vers l'avenir (l). »
   Abordons maintenant, avec M. Quinet, l'histoire de l'hu-
 manité.
   Avant de raconter ce drame immense, il est rationel d'en
 dessiner le théâtre. Car théâtre et drame ont été faits l'un

    (1) Comme je cite de mémoire, je ne saurais garantir l'authenticité des
 expressions, mais seulement celle de l'idée, telle que mon intelligence l'a
 saisie sur les lèvres du professeur.