page suivante »
415 teurs modernes. Cette tolérance mérite d'autant plus d'être remar- quée , qu'il s'en faut beaucoup que les femmes aient joui alors de plus d'indépendance et de liberté qu'elles n'en ont aujourd'hui. Il est hors de doute, au contraire, que si leur position actuelle est suscep- tible d'une amélioration raisonnable, combattue encore par des pré- jugés injustes et immoraux, elle leur paraîtrait du moins douce et honorable comparée à celle de tout leur sexe dans les temps anti- ques (1). Pour quiconque a étudié avec quelque soin la marche des idées et des mœurs, il n'est pas moins démontré que la part de li- berté , d'égards et de considération, qui leur est accordée de nos jours, elles la doivent principalement à l'influence civilisatrice du chris- tianisme. Après avoir constaté ainsi l'existence, pour les femmes, d'une pro- fession dont les adeptes se qualifiaient du titre, si étrange à nos yeux, de MEDICA, il serait curieux de reconnaître précisément quelle était la nature et l'étendue de leurs fonctions médicales. Embras- saient-elles tout ce qui entre pour les hommes dans l'exercice générai de l'art de guérir; ou plutôt, la part de pratique dévolue aux per- sonnes du sexe , n'était-elle pas restreinte dans des limites spéciales, et beaucoup plus étroites? Ce sont des questions auxquelles il est difficile, pour ne rien dire do plus, de donner une réponse positive et satisfaisante. Nous manquons de documents historiques, je l'ai déjà remarqué : on ne peut donc procéder que par des rapprochements et des inductions ; mais dans cette voie encore peut-on marcher fort di- versement. Commençons par reconnaître que , dans les fonctions diverses de la médecine, il en est une surtout que la Providence semblait avoir réservée exclusivement aux femmes, celle d'aider les personnes de (1) De tous les peuples de l'antiquité, les Germains et les Gaulois sont ceux, chez lesquels la femme obtint le plus de considération et d'influence. Tacite nous fait connaître avec quelques détails la manière d'agir des premiers à leur égard {German. 8); et l'on y remarque surtout l'opinion de ces peuples qui devint peut-être la source de la galanterie chevaleresque du moyen-âge : Inesse quin etiam sanclum aliquid et providum putant, etc. Cette sorte de culte était moins marqué chez les Gaulois. V. César, De bel. Gall., I. 50.