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390 poésie étrangère ne le r e n d point injuste envers les lettres nationales ; plein de respect pour les traditions et les vieux symboles., il ne conteste aucun de leurs droits à la raison et à l'esprit d'examen; le noble sentiment de la fraternité des peu- ples ne le jette pas dans un cosmopolitisme égoïste ainsi que l'attestent des pages belles et françaises sur Arcole et sur Wa- terloo ; il porte enfin jusque dans la splendeur religieuse cette intelligence qui n'exclut rien parce qu'elle voit le sens et l'ac- cord de toutes choses. Le livre d'Allemagne et Italie et le Voyage en Grèce, précé- demment publié par le même auteur, lui assignent comme philosophe critique une place aussi neuve et aussi relevée que celle qui lui est due comme philosophe poète. Avant d'exa- miner ses œuvres de création, nous devons citer sa traduc- tion de la Philosophie de l'histoire de Herder, livre puissant d'enthousiasme et de profondeur et dont l'esprit., en quelque sorte sybillique, n'a pas en vain soullé sur M. Quinet. Les pensée du poète français sont en maint endroit filles ou sœurs de celles de l'auteur allemand. En joignant au nom de Herder celui deTico, on aura les deux génies étrangers qui sont les pè- res d'une famille de penseurs dans laquelle M. Quinet figure avec éclat. De nombreuses et brillantes diversités cachent en lui une parenté réelle avec MM. Ballanche et Michelet. Tous les trois dans leur manière d'envisager l'histoire ou de mettre en scène la poésie du passé ont quelque chose de ce caractère antique qui a fait donner au poète le nom de Vates. La partie matérielle des poèmes de M. Quiuet, le corps et le vêtement de ses idées sont empruntés aux âges accomplis, mais les voix du passé n'y répètent que des pensées éternelles et contemporaines de tous les âges de l'esprit humain. Le poète a besoin de personnages afin d'animer son drame m é - taphysique ; il choisit, pour que ses figures soient bien com- prises, ce qu'il trouve de plus conforme à leur taille et à leur physionomie parmi les hommes et les choses qui ont vécu ; tous les êtres qu'il ressuscite nous racontent nos propres souf-