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poésie étrangère ne le r e n d point injuste envers les lettres
nationales ; plein de respect pour les traditions et les vieux
symboles., il ne conteste aucun de leurs droits à la raison et à
l'esprit d'examen; le noble sentiment de la fraternité des peu-
ples ne le jette pas dans un cosmopolitisme égoïste ainsi que
l'attestent des pages belles et françaises sur Arcole et sur Wa-
terloo ; il porte enfin jusque dans la splendeur religieuse cette
intelligence qui n'exclut rien parce qu'elle voit le sens et l'ac-
cord de toutes choses.
   Le livre d'Allemagne et Italie et le Voyage en Grèce, précé-
demment publié par le même auteur, lui assignent comme
philosophe critique une place aussi neuve et aussi relevée que
celle qui lui est due comme philosophe poète. Avant d'exa-
miner ses œuvres de création, nous devons citer sa traduc-
tion de la Philosophie de l'histoire de Herder, livre puissant
d'enthousiasme et de profondeur et dont l'esprit., en quelque
sorte sybillique, n'a pas en vain soullé sur M. Quinet. Les
pensée du poète français sont en maint endroit filles ou sœurs
de celles de l'auteur allemand. En joignant au nom de Herder
celui deTico, on aura les deux génies étrangers qui sont les pè-
res d'une famille de penseurs dans laquelle M. Quinet figure
avec éclat. De nombreuses et brillantes diversités cachent en
lui une parenté réelle avec MM. Ballanche et Michelet. Tous
les trois dans leur manière d'envisager l'histoire ou de mettre
en scène la poésie du passé ont quelque chose de ce caractère
antique qui a fait donner au poète le nom de Vates.
   La partie matérielle des poèmes de M. Quiuet, le corps et
le vêtement de ses idées sont empruntés aux âges accomplis,
mais les voix du passé n'y répètent que des pensées éternelles
et contemporaines de tous les âges de l'esprit humain. Le
poète a besoin de personnages afin d'animer son drame m é -
taphysique ; il choisit, pour que ses figures soient bien com-
 prises, ce qu'il trouve de plus conforme à leur taille et à leur
physionomie parmi les hommes et les choses qui ont vécu ;
 tous les êtres qu'il ressuscite nous racontent nos propres souf-