Revue du Lyonnais » série 1 - n°9 ( 1839 ) » pp.379

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allemand. Chez lui, et chez les Germains, même tendance à
 voir dans tout phénomène une des mille manifestations de
l'infini, à considérer chaque fait comme l'enveloppe transpa-
rente d'une idée, à étudier enfin la nature comme un vaste
symbolisme du monde moral, et à produire la pensée sous
la forme du symbole. Ajoutez à cela certain cosmopolitisme
intellectuel qui élargit et qui féconde tous les points de vue.
L'abus de ces facultés engendre chez les Allemands cette obs-
curité qui nous rebute, et ce développement désordonné de
la fantaisie sous lequel nous cherchons en vain la réalité;
mais il y a dans le talent de M. Quinel assez de notre rectitude
française pour se préserver du danger d'abolir le fait au profit
de l'idée, d'arriver ou pur idéalisme par la recherche et l'a-
mour du symbole, à l'universelle indifférence par le cosmopo-
litisme, et par le panthéisme à la destruction de la personna-
lité. Nous indiquerons, dès à présent, pour preuves les pages
où sont discutés les systèmes de Wolf, de Nieburh et du
docteur Strauss.
   Ce qui a le plus vivemeut frappé M. Quinet dans son étude
de l'Allemagne, c'est d'abord le mouvement intellectuel qui
la pousse hors de la contemplation et de l'idéalisme vers le
monde de l'action matérielle, puis la tendance du grand
corps germanique à reconstituer son unité brisée par la ré-
forme. Tout concourt aujourd'hui à ce rapprochement de
toutes les parties de l'Allemagne, le commerce comme la re-
ligion, la liberté comme le despotisme. Dès que l'œuvre de
la réforme fut achevée^ cette réaction organique se manifesta;
elle s'est continuée depuis à travers bien des fortunes diverses.
La vie littéraire et philosophique remplaça d'abord la religion
comme principe d'unité. Le besoin de résister à Napoléon
et la haine de la France rallièrent ensuite les populations
allemandes, et, de nos jours, leur soif nouvelle de l'action les
pousse du côté de la Prusse qui s'est mise à la tête des réformes
matérielles et tend à absorber le protectorat de tout le reste
des nations germaniques.