Revue du Lyonnais » série 1 - n°9 ( 1839 ) » pp.346

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merce maritime se hasarda, peut-être, à exprimer sous la sair*
vegarde des arts. Cependant la ville qui le vit naître peut à
peine montrer aux étrangers, dans les édifices publics, quel-
ques traces du génie d'un de ses plus nobles enfants. Des deux
seuls ouvrages qu'elle ait à leur présenter, l'un est le buste
de l'abbé Rozier, du Columelle français ; l'autre une statue de
Saint-Polhin, qu'il a caraclérisée avec bonheur en rappelant
que le saint évêque est le premier qui ait apporté en France
l'image d e l à Yierge.
   Quand l'empereur eut ordonné que les piédestaux du pont
de la Concorde porteraient les statues de ses principaux lieu-
tenants tombés sur les champs de bataille, celle du général
Cervoni fut confiée à Chinard. Il était trop tard déjà. Le mo-
dèle exposé au salon de 1813 put seul être terminé, car la
mort vint frapper le statuaire dans la maturité de son talent.
Le modèle de Cervoni est assurément l'un des plus beaux
qu'on puisse voir pour l'expression de la vie, la fierté d'atti-
tude et l'entente des ajustements. Triste témoignage de l'ins-
tabilité des projets humains, il gît encore au fond des caisses
préparées pour l'expédier à Carrare, où Chinard avait obtenu
d'aller ébaucher son œuvre de prédilection. Dans celle ville,
bàlie sur un sol de marbre et peuplée d'ouvriers intelligents,
son nom se conserve par tradition. C'est que le slaluaire
dont la main créait, quand ilvoulait, de délicieuses miniatures,
 savait, à l'exemple de Michel-Ange, prendre la masse et la
 pointe ; il entreprenait lui-même des ébauches, disposait à son
 gré de la grâce et de la force, et déconcertait par l'énergie et
l'habileté de son travail., les plus robustes comme les plus
 hardis praticiens.
  Aucun sculpteur n'a produit une si prodigieuse quantité de
bustes, et l'on ne saurait croire combien il y déployait d'in-
vention et d'originalité. Le premier c o n s u l , l'impératrice
Joséphine, le vice-roi d'Italie, la reine de Naples, la princesse
Borghèse, le général Baraguay-d'Hilliers, furent au premier
rang des grands personnages qui posèrenl devant lui. Que de