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   Ainsi, notre église de Saint-Jean, elle a reçu bien des gé-
nérations, abrité bien des âmes froissées, vu bien des solen-
nités, mené bien des deuils, pleuré pour bien des funérailles.
   Des têtes princières se sont inclinées sous ces voûtes su-
blimes, des misérables y sont venus rugir l'athéisme. Après
avoir passé par les fureurs de 1562, il lui a fallu subir encore
les orgies de 93 ; alors, ses portes ont été fermées ; alors les
chemins ont pleuré, parceque personne ne venait à ses fêtes;
alors, ses pieuses statues ont roulé à terre sous le marteau du
vandalisme français. Pourtant, la majestueuse basilique reste
debout, et voit ses générations s'écouler une à une, courir
dans l'éternité, comme les flots qui passent près d'elle se
succèdent et s'en vont au sein des mers. Puisse- t-elle sub-
sister longtemps, car aujourd'hui nous ne savons plus rien
édifier -, les monuments que nous élevons sont mesquins et
guindés comme nous ; il nous faut les jouissances du quart-
d'heure; nous ne pouvons rien attendre; nous ne voudrions
point asseoir les fondements d'un édifice dont on poserait
la dernière pierre au bout d'un siècle. Que laisserons-nous
à nos descendants? rien que des rêves creux et des théories
politiques, ou des prisons. Véritables Arabes d'une civili-
sation qui tue toute grande pensée, nous ne songeons qu'à
dresser notre tente pour une heure , et nous avons hâte
de la ployer, de crainte qu'elle n'abrite ceux qui nous suivent
au désert (1).



   Il nous reste à dire un mot sur la vie de l'auteur. M. Jacques
(Pierre-Simon) naquit à Lyon, en 1789, et ne put faire alors
que des études troublées par le bruit des tempêtes politiques.
Il fut le disciple de l'abbé Chouvy, ancien professeur d'his-
toire ecclésiastique à notre Faculté de Théologie, el celui-ci
appelait M. Jacques son fidèle Achate.

  (1) Courier, 22 avril 1837.