Revue du Lyonnais » série 1 - n°9 ( 1839 ) » pp.218

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  cette heure, le chœur que nous préférons est celui des soldats,
  sans accompagnement d'abord, et ensuite avec les pizzicato
  des basses et des violons. Le chœur qui vient avant, au 2mo
  acte, ne nous semble pas assez neuf, malgré le coup de grosse
  caisse et l'appel de trompette sur le temps fort de la mesure.
  Enfin, si nous mettons de côté le trio du 2me acte qui fait plai-
  sir seulement parce qu'il est bien chanté, il nous restera à
  mentionner l'Irlandaise, chant national, heureusement trans-
 planté.
     Cet opéra est aussi parfaitement joué par Lesbros que bien
 chanté par Mlle Joly. À ce double titre, il mériterait une longue
 et fructueuse existence, mais ici, la première et la deuxième re-
 présentation d'un ouvrage attirent seules la foule, c'est une
 affaire de pure curiosité où l'art a peu de place. Une fois que
 nos lions et nos lionnes de la fashion se sont montrés dans
 leur splendeur, tout est dit, cela leur suffit, et la salle de spec-
 tacle est délaissée et abandonnée aux abonnés et au petit
 nombre de ces organisations d'élite, qui ont assez d'esprit et
 de sens pour ne pas se contenter d'une ou deux auditions pour
juger une œuvre musicale         On s'étonne, après cela, qu'une
 direction ait de la peine à marcher ! Il lui faudrait un chef-
 d'Å“uvre par semaine.
    Donizetti disait dernièrement à Paris : « Z'ai n'sais pas per-
 quoi on répand partout le bruit que «'travaille trop vite : z'ai
mis cependant tout un grand mois à faire mon Roberto Deve-
reux , et zé n'erois pas qu'on pouisse mettre piou dé cons-
cience et dé temps per scrivère une partition. » Il en aétépro-
bablementd'^lnnajBoïenacommede Roberlo Devereux. Le vieux
Gluck, au contraire, disait avec amertume : «Je passe deux ans
sur un ouvrage, et lorsque j'arrive à la fin de ma partition je
fais une maladie qui me conduit aux portes du tombeau. »
Aussi l'auteur à'Iphigénie et à'Armide a-t-il laissé des œuvres
impérissables, tandis que l'existence des improvisations du
jeune Maestro italien qui en est, à ce moment, à son 64» opéra,
sera de peu de durée!