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212 alors que des chapeaux de soie remplacèrent, sur la tète des hommes, ceux de feutre et de castor. En définitive , on commet, suivant nous , une grande faute en privant l'époque de la Renaissance des éloges que méritait son industrie. Mézerai nous a trompés cette fois , et bien d'au- tres encore. Nous fabriquons davantage , il est vrai, et à meil- leure marché ; l'usage de la soie est plus commun que jadis ; nos plantations de mûriers nous permettent de nous passer de nos voisins d'outre-monts ; le perfectionnement de nos machi- nes a fait naître un grand nombre d'étoffes nouvelles; l'incons- tance de la mode, les progrès de la chimie ont doté nos fabri- ques de mille nuances et de mille styles variés ; mais nous pouvons, en toute conscience, regretter les splendides étoffes du nioyenâge, les tissus à pleines mains, les brocards brillants d'or et d'argent dont les villes entières se couvraient en leurs jours de fêle. Il est une chose surtout dont la privation nous afflige plus vivement que ne le ferait la dégradation de l'art de la soierie : c'est la dégradation du goût. Elle est complète de- puis un siècle. L'histoire de cette décadence et le développement de quel- ques idées qui nous sont particulières sur les moyens de l'arrê- ter pourront plus lard trouver leur place, si ce premier essai n'a pas paru inutile. H. LEYMARIE.