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Nous avouons que ce défaut de méthode tenait en quelque
sorte au caractère du livre ; un tableau synoptique n'est point
une dissertation; mais alors des subdivisions, des notes de-
vaient rendre compte de l'irrégularité de la marche de la tran-
sition -, alors surtout les dates devaient se succéder suivant
leur ordre naturel, et non pas se croiser d'une manière qui
sent la négligence. Le lecteur ne serait pas exposé a croire
homogènes tous les monuments renfermés sous la rubrique
du XIIe siècle; dans tous les cas, nous sentons médiocrement
la nécessité d'une classification par siècles, les arts n'atten-
dant guères , pour se modifier, la célébration des jubilés
centenaires.
Nous lisons dans la première colonne, page 22 : « La so-
ciété féodale se perfectionne par la création d'un centre d'uni-
t é , par l'établissement de la royauté. » Nous avouons que ces
trois lignes sont inintelligibles pour nous. Quoi ! l'établisse-
ment de la royauté est une perfection, et cette perfection
date du XI1> siècle ?
M. Dussieux , dans la même page et à la môme colonne,
attribue aux croisades les premiers germes de la civilisation
en France. Celle assertion nous semble au moins exagérée.
Nous ne pensons pas non plus que l'art roman ait élé modi-
fié par le développement de la civilisation et de l'art arabes.
Nous croyons encore moins que cet art nouveau, nommé
gothique, soit une importation orientale. On répète souvent
que l'ogive est une imitation du Saint-Sépulcre , bâti au mi-
lieu du XIe siècle ; il faudrait d'abord être bien sûr de l'état
du Saint-Sépulcre à la prise de Jérusalem, et des caractères
généraux de l'art arabe à cette époque. Il faudrait, avant
tout, avoir la certitude que notre occident n'a pas connu
l'ogive avant 1100. Nous pourrions facilement prouver, au
contraire, que l'ogive est occidentale. Nous ne ferons pas
l'honneur aux monuments pélasgiens , aux constructions cy-
clopéennes de Tyrinthe et de Cassiopée, de les regarder
comme régulièrement ogiviques. Les assises de pierre y sont
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