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r>2 uant devant un petit hôtel situé sur les bords du Rhône, près de la barrière par laquelle on sort pour aller à Genève. Ah! c'est la maison de la pauvre madame Gircr de Loche, a dit un de ces messieurs. Curiosité de ma part en remar- quant l'air attendri de celui qui parlait; questions : voici la grande réponse: Mme Loche était une jeune veuve, riche, jolie, aimable. Elle avait perdu, à dix-neuf ans, un mari qu'elle avait épousé par amour. Elle en avait vingt-cinq et résistait depuis six ans à tous les hommages , lorsqu'elle alla passer l'automne au fameux château d'Uriage , près de Grenoble. Au retour, elle quitta son magnifique logement, rue Lafont, pour venir dans ce petit hôtel, dans un quartier éloigné, et encore elle ne le loua pas tout entier. Elle ne prit que le pre- mier étage. Un mois après^ un jeune Grenoblois, qui avait un procès à suivre à Lyon , cherchait un logement à bon mar- ché , et s'accommoda du deuxième étage de la maison dont le premier était occupé par la belle veuve. Il allait souvent à Grenoble : il revint d'un de ses voyages avec deux ou trois domestiques , qui appartenaient, disait-il, à sa mère et qui avaient l'air fort gauche. C'étaient des maçons q u i , en trois jours qu'ils passèrent à Lyon dans l'appartement du jeune homme , lui firent un esca- lier commode, masqué par une armoire, et à l'aide duquel il pouvait descendre incognito chez madame Girer. On remar- qua que, par une bizarrerie non expliqués, le jeune dauphi- nois loua toute la diligence pour les trois domestiques de sa mère, et les accompagna jusqu'en Dauphiné; il ne revint que le lendemain. Le procès prétendu dura long temps; ensuite le jeune homme trouva des prétextes pour rester à Lyon. Il prit le goût de la pêche, et péchait souvent dans le Rhône, sous les fenêtres de la maison qu'il habitait. Pendant les cinq premières années qu'a duré cette intrigue, jamais elle ne fut soupçonnée. La dame était devenue plus jolie, mais en même temps fort dévote; puis elle s'était plainte