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fortuites et non le résultat du travail et de la réflexion? qu'il y prenne garde, on descend toujours plus vite qu'on n'est monté, et après la chute, on se trouve au-dessous du point de départ. Cette fois j'aperçois, à côté de grands cadres qui l'écrasent, une petite toile, fraîche comme une violette sous l'herbe : une jeune fille se promène dans un parc, sous la garde d'une duègne revêche. L'a- moroso, caché derrière les arbres, lui envoie un baiser. Quelle sé- duisante créature ! que d'élégance dans sa pose ! on comprend que son amant affronte verroux et méchante duègne. La figure de celle- ci est finement dessinée, cependant fortement accentuée. Comme la belle enfant ressort gracieuse et coquette à côté de ce sombre et acariâtre personnage! seulement le galant est un peu trop jeune pre- mier. Dans Ravenswood et Lucy à la fontaine de la Sirène on retrouve la mêmefinessede sentiment. J'aime la candeur rêveuse de Lucy , la mâle tristesse de son pauvre et noble amant. Ravenswood et Mortsheng est une composition très originale ; le profil du jeune homme, enveloppé d'un grand manteau rouge, ressort vivement sous un ciel d'automne morne et froid. Quel habile effet d'ombre ! on croit entendre la conversation avec le fossoyeur dans le cimetière; tout est triste et solennel.... Il est impossible de mieux comprendre un sujet. Dans ces trois tableaux règne une compréhension admirable de Ia; couleur ; il y a du Téniers et duTerburg, toutefois avec le cachet de l'auteur. Le nom de Rudder se devine. Par le temps qui court il est si peu de gens capables de créer quelque chose, que l'on ne peut, trop apprécier toute individualité ; tant d'autres se traînent leur vie durant à la remorque de n'importe qui et de n'importe quoi ! Dans cette étonnante famille des Flandrin ne semble-t-il pas qu'une bonne fée ait présidé à la naissance des trois fils et leur ait fait présent d'un pinceau enchanté? Auguste Flandrin fut heureuse ment organisé, aussi bien que son frère cadet, et peut-être il ne doit s'en prendre qu'à lui do n'être pas allé aussi haut. Pourquoi rester à Lyon , cette terre si difficile aux artistes ! Le Vieillard aveugle est une chose vraie et simple, malheureu-