Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                                     455
qu'à la portée de leur gesa alpina (javeline gauloise), les légers
et rapides Gaulois [s'enfuyaient et allaient se mettre à l'abri
derrière un fossé profond , tout couvert de fascines et caché
aux ennneinis par des amas de terre qu'ils favaienV'creusée
devant eux. La gauche de Sévère, composée, avons-nous dit,
d'Illyriens et de Pannoniens, presque tous montagnards,
braves, mais lourds et épais , ne s'aperçut pas de ce fossé,
et ne devina pas le stratagème des rusés Gésales. Irrités de
voir que leurs ennemis évitaient d'en venir aux m a i n s , et se
contentaient de faire plusieurs décharges de leurs traits , les
soldats de Sévère résolurent d'aller à eux et de les pousser.
Les premiers tombèrent dans le piège qu'on leur avait tendu,
et ceux qui les suivirent, allant avec la même ardeur à l'en-
n e m i , se culbutèrent sur eux. Ceux qui voulaient se retirer
mettaient la confusion dans les rangs de ceux qui suivaient.
Pendant ce temps, les e n n e m i s , que ce fossé rendait assu-
rés contre les irruptions de leurs adversaires, venaient à la
charge, tuant tout ce qui tombait dans le fossé et tout ce
qui se présentait; ceux qui reculaient formaient un bataillon
épais et profond, où chaque javelot portait. La perle d'hom-
mes et de chevaux fut très-grande par celte ruse toute pu-
nique qui réussit au parti d'Albin.
   A l'aspect d'un tel désordre dans son aîle gauche, Sévère jus-
que là inactif, s'avance avec ses gardes et son corps de réserve
au secours de ceux qu'il voit ainsi misérablement périr sous
ses yeux. Mais loin d'être plus heureux avec ces nouvelles
troupes, Sévère perd en combattant l'élite cle son a r m é e ; son
cheval est tué sous lui. Alors, comme désespéré, il quitte sa
colle d ' a r m e s , e l , l ' é p é e à l a main ,il se tourne vers les siens
qui fuient épouvantés de la déroule de leurs compagnons. La
présence de l'empereur qui leur reproche leur lâcheté les fait
revenir au combat (1), mais ils sont si troublés que tournant


   (1) Ce récit est en grande partie du P. Ménestrier ; nous avons vérifié les