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          qu'il périrait auprès d'une rivière. La destinée de Sévère doit
          donc le trouver plein de confiance , quoi qu'il arrive.
             Dans ses rêves sous la tente , il a vu une l o u v e , symbole
          de la sauvage I t a l i e , lui offrir son lait comme à Romulus ;
          une autre fois , c'est sa main, du sein de laquelle a jailli une
          source d'eau abondante (1); prêteur à L y o n , c'est l'armée
          romaine tout entière qui est venue le saluer; puis c'est la
          terre avec la mer qu'il domine d'un lieu fort é l e v é , et l'ayant
          touchée comme un instrument de musique, il en lire un son
         grave et mélodieux (2). Les songes ont exalté l'imagination
         ardente de l'Africain ; déjà la pourpre impériale , le Capitole,
         les triomphes, R o m e , tout cela se dresse devant lui ; et il
         n'est plus qu'à quelques lieues de la ville souveraine, quand
         on lui annonce un envoyé du sénat. C'est son élection à l'em-
          pire qu'on lui apporte (3), et pour preuve, la tête sanglante
          de Julianus , qu'on fait rouler à ses pieds. Sévère ne répond
          rien, il avance.
sivÉmTÉ      Arrivé près de Rome, il mande les gardes prétoriennes sans
VAINQUEUR armes (4); c'est l a coutume établie de paraître ainsi devant
         l'empereur quand il ne s'agit pas de combat. Après un dis-
         cours froid et méprisant, Sévère leur fait arracher les cas-
         ques et les baudriers; p u i s , ainsi dégradés et demi-nus, il
         renvoie au sénat les soldats chargés de sa défense. Ceux-ci, in-
         dignés, courent à leur camp. Il est déjà occupé par une légion
         choisie de barbares; leurs armes sont brisées; il ne leur reste
         plus que la h o n t e , et pour la fuir, l'exil à cent milles de
         Rome ; telle est la sentence du vainqueur.
          Après cet acte de rigueur, l'Africain se prépare à entrer

        dans Rome. Celle-ci, pour mieux le recevoir, a déjà mis

        ses vêtements de fête; les fleurs jonchent la t e r r e ; les cas-

          Ci) Hist. rom., par Xiphilin, p. 434.
          (2) Hist. rom., par Xiphilin, p. 435.
          (3) Dion Cassius, I. 73, p. 1239; Hérod., 1. 2, p. 82; His. Aug., p. 62.
          (4) Dion, 1. 74, p. 1241; Hérod., 1. 2, pag. 84.