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417 tôt empereur. Dirigée spécialement contre lui, cette brochure semblait ne l'être que contre l'usurpation que le père de Charlemagne avait faite, vers 772, de la couronne des Méro- vingiens, car elle portait pour titre : Le grand crime de Pepin- le-Bref. Les Parisiens, enchantés d'être débarrassés du Direc- toire, ne comprirent pas le but du pamphlet, et le ministre de la police, qui en pénétra l'invention, ne voulut point le faire saisir, de crainte que l'éclat de la saisie ne fît remarquer la prédiction,- mais il ne tarda pas à trouver un autre moyen de persécuter l'auteur du pamphlet et de le faire évanouir. Il fit emprisonner l'abbé Aimé Guillon de Monlléon comme rédacteur et distributeur d'un journal clandestin, et, des reproches amers du Consul ayant fait penser au ministre que M. Guillon avait des rapports avec des hommes qui, ayant l'intime confiance de Bonaparte, avaient divulgué ses secrets, fit mettre en jeu toutes sortes de ruses dans les interroga- toires pour savoir de lui lequel d'entre les confidents parti- culiers du Consul il connaissait le mieux, et par conséquent avait pu lui révéler le plus mystérieux de ses projets. L'abbé Guillon avait trop d'honneur pour trahir l'indiscret ; il ne l'a nommé que vingt ans après, lorsqu'il n'y avait plus de dan- ger ni pour l'un ni pour l'autre (1). Le révélaLeur était le fameux abbé Bernier, de la Vendée, qui, gagné par Bona- parte, était chargé d'aller porter ses propositions et ses exigences aux agents du pape venus à Paris pour traiter du concordat qui se conclut en 1801. L'abbé Bernier avait dit, en janvier de l'année précédente, à l'abbé Aimé Guillon, lié avec lui, que le premier consul voulait reproduire, à son profit, dès que les circonstances le permettraient, la scène fabuleuse de Pepin-le-Bref, se faisant autoriser par le pape Zacharie à usurper la couronne de la dynastie de Clovis. (1) Cette anecdote a été développée par l'abbé Guillon lui-même, en 1821, dans les prolégomènes historiques d'un grand ouvrage : Les martyrs de la foi pendant la révolution française, au tome I e r , p. 275.