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406 « cet éclat pouvait venir de trois causes, de ce que la soie- « avait été pressée entre ses dents et mouillée de sa salive, « et qu'elle se pouvait être échauffée. Sur ce principe, il « imagina la manière dont se font aujourd'hui les taffetas. « On fait extrêmement manier et tordre la soie avant que « de l'employer ; on donne l'eau au taffetas quand il est fait ; « on l'étend pour cela, et l'on fait courir pardessus un b r a - « sier qui sèche à eau dans le moment. Mai joua de son reste, « pour mettre cette idée en usage ; elle se trouva b o n n e , « mais elle ne parvint pas tout d'un coup à une manière cer- « taine et assurée. Il y a de la façon à donner l'eau, e t , de- « puis ce temps-là , c'est un métier dans Lyon que celui de « bailleur d'eau, et ceux qui y sont habiles gagnent beau- « coup. Le plus difficile, dans le commencement, c'est de « savoir à point nommé donner le feu après l'eau. Mai^ pour « en faire l'essai, brûla du taffetas pour des sommes consi- « dérables, mais, nonobstant ces pertes et le méchant état « de ses affaires au temps qu'il s'avisa de cette nouvelle in- < vention , il ne laissa pas de faire de grands gains et de ré- • « tablir sa fortune ^ qui aurait été immense', si son secret « avait été de nature à pouvoir se cacher. Il ne serait pas « impossible de travailler ailleurs le taffetas comme à Lyon, « mais ce qu'on y voit de particulier, et qu'on n'a point ail~ « l e u r s , c'est un noir le plus beau qui se puisse voir. On « tient que l'eau de la Saône y contribue beaucoup (1). » Il nous reste à dire un mot de l'auteur du Mémoire sur le Gouvernement de Lyon. Henri-François-Lambert d'Herbigny^ marquis de Thibau- ville, était fils d'Henri L a m b e r t , seigneur d'Herbigny, con- seiller au parlement de Paris, qui, après avoir été maître des requêtes en 1660, intendant à Moulins en 1666, en Dauphiné en 1679, à Montauban en 1691, à Lyon en 1694, puis à Rouen la même a n n é e , mourut conseiller d'état le 23 no- (1) Jbid., p. 141.