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ne pouvons mieux faire connaître la douce et éloquente pa-
role de l'orateur qu'en détachant ces quelques pages :
     « Il serait funeste qu'en entrant dans une maison d'éduca-
tion , l'enfant s'en fût fait d'avance l'idée d'une prison odieuse
où tout affligerait sa vue , enchaînerait ses mouvements et
froisserait son cœur. Que le collège soit pour lui, au contraire,
 comme une seconde famille, que son ame s'y puisse épanouir
 à l'aise , qu'il y trouve de l'affection , du bonheur même , s'il
 est possible ; ce sont là des idées que nous avons plus d'une
 fois exprimées, c'est le caractère que nous avons voulu don-
 ner à notre établissement et que nous nous efforcerons de lui
 maintenir. Mais que rien ne contrarie jamais les goûts et les
 désirs de l'enfant, qu'il n'ait pas de violence à se faire, pas de
 peines à endurer, de privations à subir; que le chemin de la ver-
 tu et de la science soit pour lui dégagé de toute épine , c'est ce
 qu'il serait aussi désastreux de tenter qu'impossible de réa-
 liser. La vie d'écolier est un apprentissage d e l à vie d'homme,
  habituez-le donc d'avance à savoir souffrir, donnez à son
  caractère une attitude ferme et stable, à son cœur de la
  force , à sa volonté de l'énergie. O r , il ne suffit pas de prêcher
  à des enfants ces vertus mâles et solides , c'est par l'habitude
  qu'ils doivent les acquérir. Laissez-les donc quelquefois se
  heurter à des obstacles , se résoudre à des sacrifices. Jusque-
  l à , vous les avez assez protégés de votre tendresse méticu
  leuse ; il est temps qu'ils marchent seuls pour devenir forts.
  Si leur sommeil est court et leur travail assidu , si leur habi-
  tation est moins chaude et leur nourriture moins délicate, s'ils
  rencontrent fréquemment des contrariétés , des vexations^ des
  réprimandes , n'en concevez nulle inquiétude ,,n'en exprimez
   aucune plainte; vous aurez plus tard des hommes d'une trempe
  vigoureuse que les obstacles n'ébranleront p a s , qui demeu-
   reront fidèles à leur conscience, même au prix d'un sacrifice.
       « Cette tendance virile à donner à l'éducation, les nations
   les plus sages de l'antiquité l'avaient parfaitement conçue.
   Tout le monde sait par l'histoire de Cyrus, combien dure et