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« par moi abandonnées , et le foyer lointain , où étaient assis
« mon père , ma m è r e , mes frères ! Je gémissais en même
« temps sur mes ténèbres, sur mes doutes , sur mes pas-
« s i o n s , s u r la perte de mon Dieu. » Dieu n'était pas cepen-
dant perdu pour fPellico, non plus que pour la France ; les
temples se r'ouvraient, et ce fut à Lyon que Silvio fut témoin
d'un imposant spectacle. Le 12 juin 1803 , il y eut dans nos
murs une procession soleijnelle, racontée par Chateaubriand,
qui se trouvait ici depuis le 22 mai de cette même année , et
décrite aussi en vers admirables par Pellico. Le jeune homme
vit-il l'auteur du Génie ? Nous avons dit ailleurs que les deux
grands écrivains ne se rencontrèrent jamais (1).
   Pellico résidait à Lyon, chez un vieux cousin maternel, très
riche et très digne de ses richesses. Tout ce qui peut enchan-
ter un cœur désireux d'élégance et d'amour avait parsemé de
délices la première ardeur de sa jeunesse, et si Pellico aime
les Français, nous savons qu'il garde pour les Lyonnais une
affection toute spéciale. Pellico nous quitta vers l'année 1810.
De retour Italie , et fixé à Milan, chez ses parents, il cultivait
les lettres et voyait le grand monde. En même t e m p s , il se
liait d'amitié avec les seigneurs italiens et les p o è t e s , avec
Monli, avec Foscolo. Celui-ci, âpre et sauvage, d'une nature
sombre et irritable, fut pour Silvio le meilleur et le plus fidèle
ami ; il devint son guide poétique. Foscolo avait publié un petit
poème d'environ trois cents vers, et dans le genre des poèmes
de notre Legouvé. Les Sepolcri n'ont de beau que le vers lui-
même ; la pensée en est froide et païenne , mais c'est toujours
un excellent poète que l'auteur des Tombeaux et de Ricciarda,
un poète auprès de qui Pellico dut apprendre beaucoup. Leur
style ne manque pas d'une certaine ressemblance. Si le doute
effleurait l'ame de Pellico, il avait bien plus de prise sur
celle de son noble ami. Les Dernières Lettres deJacopo Ortis,
roman coupé sur le patron du Werther de Gœlhe , peuvent

  (1) Revue du Lyonnais, t. vi, p. 401-402.